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5.1- Culture - Page 9

  • "Le Luxe subit un profond changement de modèle" [#luxe #promiseconsulting @lopinion_fr]

     «Le luxe subit un profond changement de modèle»

    Muriel Motte - 19 Septembre 2016 à 14h42

    Interview parue dans l'Opinion. [EXTRAIT]

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    Associé fondateur du groupe de conseil et d’études Promise Consulting, Philippe Jourdan décrypte la crise que traverse le secteur.

    les faits - La baisse de la livre a fait flamber de 36 % les ventes de produits de luxe au Royaume-Uni le mois dernier. Les variations des taux de change ne sont pas le seul élément perturbateur pour les groupes du secteur : digitalisation, ralentissement de la demande chinoise, attentats, les défis s’enchaînent et provoquent parfois des accidents industriels. Spécialiste des marques, Philippe Jourdan anticipe une croissance annuelle de 2 % du marché des produits de luxe dans les prochaines années.

    Quelle est la nature de la crise que traverse le secteur du luxe ?

    Il s’agit d’un profond changement de modèle dont l’effet est amplifié par une conjoncture économique difficile. Jusqu’à la crise financière, le marché des biens de luxe était tiré par une forte demande à laquelle répondait l’offre des grandes maisons qui se voulaient exclusives, et qui contrôlaient les prix et la distribution via le rachat des licences et la création de boutiques en nom propre. Tout cela évolue très rapidement (...)

    Cette crise est donc aussi imputable à la forte dépendance du luxe à la Chine ?

    Les Etats-Unis restent dominants et représentent un tiers du marché mondial du luxe. Mais 70 % de la croissance de ce marché au cours des dix dernières années a été le fait de la Chine. Et ce sont les Chinois qui réalisent hors de chez eux l’essentiel (70 %) des achats de produits de luxe. Dès que la demande chinoise ralentit - c’est l’une des conséquences de la politique anticorruption et du ralentissement économique du pays entre autres - ou qu’une menace pèse sur le tourisme mondial, le luxe en ressent les effets. C’est le cas aujourd’hui. Les géants du secteur doivent être vigilants sur un autre point : Pékin aura tôt ou tard le souci de rapatrier en Chine continentale un marché qui lui échappe largement, car les taxes imposées sur les biens de luxe rapportent aux caisses de l’Etat. (...)

    La mutation du consommateur depuis une dizaine d’années bouleverse aussi le marché…

    Le profil des acheteurs se transforme. La croissance du marché ne dépend plus de ceux qui ont énormément d’argent, mais de ceux qui en gagnent de plus en plus. Ce n’est pas du tout la même clientèle. Les marques doivent s’adresser à de nouveaux profils, des consommateurs plus jeunes, plus cosmopolites, mieux éduqués en matière de luxe mais plus critiques (...) Il s’agit d’une mutation très profonde, qui génère beaucoup d’interrogations sur la stratégie à mener.

    La stratégie digitale est-elle une source de différenciation entre les grands groupes mondiaux ?

    Les grands groupes habitués à gérer la relation-client dans un circuit unique sont entrés avec retard dans le monde digital. C’est un secteur parfois conservateur qui a du mal à accepter de perdre le contrôle de la distribution, mais tous sont aujourd’hui très actifs. Un des premiers bouleversements est venu de la comparaison mondiale des prix par des clients connectés et globe-trotteurs. Face à cela, Chanel a annoncé l’an dernier sa volonté d’établir progressivement un meilleur équilibre des prix de ses produits dans les grandes zones géographiques, Chine, Europe, Etats-Unis. Tous y viendront sans doute mais c’est très complexe en raison des coûts d’approche et des taxes différents, sans oublier les variations de taux de change ! Le deuxième bouleversement, c’est l’apparition de « pure player » digitaux du luxe comme Yoox Net-A-Porter, dont le poids commence à peser. Sa logique de développement est de commercialiser à terme toutes les grandes marques, y compris celles de LVMH ou Kering. (...)

    Le marché mondial du luxe croissait à deux chiffres au début du siècle, un taux tombé autour de 2 % aujourd’hui. Quelle est la « nouvelle normalité » pour les années à venir ?

    La projection moyenne pour les prochaines années est de l’ordre de 2 % à taux de change constants, ce n’est pas si mal pour un marché qui pèse déjà 240 milliards d’euros. Nous sommes face à des consommateurs plus exigeants, des marchés plus mûrs, peut-être allons-nous commencer à faire du marketing et à revenir à des fondamentaux de la relation-client, de la qualité de l’offre et du service. Ouvrir une boutique bien placée dans une rue stratégique d’une ville chinoise ne suffit déjà plus. Il y aura davantage de discrimination, une prime à l’excellence, et le « pricing » sera déterminant.

  • Le tournant catonien de l'Empire du Milieu : l'enrichissement oui, l'ostentation non ! (#Chine #luxe #riches]

    Philippe Jourdan

    Professeur à l'Université Paris Est / CEO Promise Consulting

     Jean-Claude Pacitto

    Maître de conférences à l’Université Paris Est / Chercheur associé à l'ESSCA

     

    ARTICLE PARU DANS L'OPINION EN DATE DU 02 NOVEMBRE 2016

    sous le titre : "Le Luxe en Chine : pourquoi le raffinement intimiste va supplanter le bling-bling ?"

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    chine,luxe,caton,lopinion,bling-bling,montre,xi jipingOn a trop souvent retenu de Caton l'Ancien (234-149 av. J.C.) l’image d'un conservateur borné obsédé par la destruction de Carthage. Il fût bien plus que cela. En effet, Caton fut d'abord et avant tout un homme politique lucide et réaliste. Il avait compris que l'afflux massif des richesses à Rome, suite à la fin de la seconde guerre punique, aurait des conséquences sociales désastreuses et que, s’ajoutant à l'adoption des mœurs politiques et philosophiques grecs dévoyés (dont le culte de la personnalité), il déboucherait à terme sur une fragilisation de la République romaine et un basculement dans un régime où les intérêts privés prendraient inévitablement le dessus sur le souci du collectif. La cupidité (« avaricia ») dont il ne cessa de dénoncer les effets délétères était, pour lui, incompatible avec la recherche du bien commun et la rigueur morale qui avaient toujours été des qualités valorisées dans le cursus politique romain. Dès lors, ses efforts pour limiter l'ostentation des richesses et sa lutte contre la corruption des hommes politiques ne connurent pas de répit. Dès -184 av. J.C., il tente vainement par des mesures coercitives, qui lui valurent le surnom de censeur, de lutter contre les courants de plaisirs, le goût du luxe et l’existence raffinée qui envahit la classe dirigeante romaine, versée dans les affres de la société de consommation.

    chine,luxe,caton,lopinion,bling-bling,montre,xi jipingD'une certaine manière, c'est bien le même combat que même aujourd'hui le président Xi Jinping. On aurait bien tort, en effet, de ne voir dans sa lutte implacable contre la corruption qu'un épisode de plus des luttes de pouvoir au sein de  la nomenklatura communiste. Certes, il y a là un fond de vérité. Mais par son ampleur et ses justifications idéologiques, elle est bien plus que cela. Au fond Xi Jinping établit le même constat que Caton l’Ancien en son temps : la société chinoise a subi, suite aux réformes économiques de Deng Xiaoping, des bouleversements tels qu'ils menacent aujourd'hui sa cohésion. Plus que l’enrichissement, ce sont les travers qu’il engendre qui sont évidemment pointés du doigt : la richesse, oui, son ostentation, non ! De surcroît, il ne pouvait échapper au président chinois que cet enrichissement rapide s’est accompagné, comme ce fût le cas à Rome, de l’adoption de mœurs qualifiées « d’occidentales », tels l’individualisme et l’hédonisme, que le président chinois juge incompatibles avec la culture chinoise.

    chine,luxe,caton,lopinion,bling-bling,montre,xi jiping« L’occidentalisme » n’est plus tendance en Chine, ce qui n’est pas sans conséquence pour le commerce des grandes marques de luxe occidentales, en général, et françaises en particulier. Mais la force de Xi Jinping est d'avoir compris que l'on ne combattrait pas ces nouvelles tendances avec les « oripeaux » de l'idéologie communiste. D'une part, parce que la réalité capitaliste du pays est un fait et, d'autre part, parce que ce retour à l'idéologie serait parfaitement inaudible surtout parmi les jeunes générations. Comme Caton l’Ancien mais de manière plus subtile encore, Xi Jinping en appelle aux valeurs traditionnelles chinoises. Ce n'est pas nouveau chez lui et bien avant 2012 les allusions à Confucius étaient légion dans ses discours. Là, ce ne sont plus des allusions mais une réhabilitation officielle et on a fêté en grandes pompes en 2014 le 2565ème  anniversaire de sa naissance. Confucius, mais pas seulement lui, revient en force et ce n'est pas un hasard. Les Occidentaux voient dans ce qu'ils qualifient volontiers de « récupération » un tournant conservateur visant à promouvoir les valeurs de hiérarchie et d'harmonie du corps social afin de limiter les effets de la contestation sociale. Vision trop limitative car reposant sur un postulat instrumentaliste ! Xi Jinping, comme Poutine en Russie, seraient de parfaits cyniques qui instrumentaliseraient les valeurs à des fins personnelles. Peut-être. Mais dans les deux cas cités, rien interdit de penser qu'ils soient convaincus de la « justesse » de ces valeurs. Xi Jinping, comme Poutine, connait ses classiques !

    chine,luxe,caton,lopinion,bling-bling,montre,xi jipingPour Xi Jinping, l'héritage de Confucius s’inscrit sur le plan de la morale : c'est de rectitude morale, de respect dû aux anciens, de désintéressement, valeurs que corrompent le luxe et l’enrichissement individuel, dont il s’agit ici. Pour Xi Jinping, la Chine doit renouer avec ses traditions anciennes, car il y a toujours, au sein de la société chinoise, cette croyance que l’ouverture à l’Occident s’accompagne d’une perversion morale, à l’image du commerce triangulaire mis en place par les Anglais au 19ème Siècle, dans lequel les opiums du Bengale et de Malwa, produits en Inde, procuraient l’argent métal nécessaire à l’achat du thé chinois exporté à Londres. Le président chinois souligne toujours le fait que les communistes chinois ne sont ni des « nihilistes historiques ni des nihilistes culturels ». La rupture avec le maoïsme de la révolution culturelle est ainsi total et l’appel à la mémoire historique une constante de ses discours. De la même façon, Xi Jinping souligne aussi le fait que politiquement et depuis 5000 ans la Chine a toujours suivi des voies politiques différentes de celles de l'Occident. Façon de signifier à ses interlocuteurs occidentaux que la Chine dissocie développement économique et adoption d'un régime politique libéral et que le libéralisme politique ne fait pas partie de son ADN !

    chine,luxe,caton,lopinion,bling-bling,montre,xi jipingSi les cadeaux sont un élément constitutif de la culture chinoise (le fameux « Guanxi »), l'ostentation des richesses, la cupidité ne le sont pas : ainsi le détournement d’une coutume traditionnelle à des fins égoïstes constitue désormais un crime, un bien mauvais signal pour l’industrie horlogère de luxe, en particulier. Les arguments de Xi Jinping même s'ils se fondent sur des référents culturels forcément différents  de ceux de Caton sont au fond les mêmes : la cupidité et l'individualisme sont des valeurs qui ne peuvent être érigées en modèles et qui à terme détruisent le corps social. Il ne s'agit donc pas de les combattre seulement dans leurs effets (« la corruption ») mais aussi à leur racine (« la cupidité »). Et ce combat ne peut être que culturel. Mais à la différence de Mao, Xi Jinping ne rêve pas d’un Homme Nouveau en faisant table rase du passé. Son objectif est inverse : c'est en ré-enracinant les Chinois dans leur histoire qu'on sera le mieux à même d'éradiquer les effets indésirables de la modernisation économique. Dans un secteur aussi emblématique que le luxe, les conséquences de cette politique sont déjà visibles. Des collections chinoises apparaissent, puisant leur inspiration dans le passé artistique de la Chine avec un mot d’ordre : l’élégance est toujours présente mais pas son corollaire trop tapageur : le « bling-bling ». L’ère est à l’élégance discrète, au luxe de bon goût, au raffinement intimiste, et non plus désormais à l’affirmation sociale de fortunes vite amassées où l’ostentation est une stratégie de différenciation statutaire revendiquée. Le projet économique de Xi Jinping pourrait être celui du conservatisme éclairé (on se souvient de la célèbre formule de François Guizot, « enrichissez-vous par le travail, par l’épargne et la probité »). En tout état de cause, le message de Xi Jinping aux élites est sans ambiguïté : « Enrichissez-vous mais ne le montrez pas ! ».

    Soyons clair : ce qui se déroule actuellement en Chine ne relève pas d'un « sursaut » conjoncturel initié par des dirigeants qu’effraient les conséquences sociales de la modernisation économique. C’est un mouvement de fond, qui puise ses racines dans la Chine millénaire, et c’est toute l’habileté de Xi Jinping de l’avoir compris. Plutôt que de se focaliser sur la seule lutte contre la corruption (en espérant qu’elle prendra fin un jour), les chefs d’entreprises désireux d’exporter et de vendre aux Chinois devraient se plonger dans les classiques de la littérature chinoise, la meilleure manière de prédire quel environnement les attend dans les prochaines années. Une certitude : le capitalisme chinois ne sera pas de facture libérale-libertaire !

  • "Je ne crois pas à la mort du luxe" (#philippejourdan) [#luxe #Pointsdevente @adetem]

    INTERVIEW PARUE DANS POINTS DE VENTE, 07 NOVEMBRE 2016, N°1202

    [LIRE L'ARTICLE DANS POINTS DE VENTE]

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    Prestigieuses mais challengées, les marques de luxe françaises sont condamnées à évoluer. Moins de croissance, une clientèle qui change et rajeunit, des concurrents digitaux : la liste des défis est longue pour des groupes plus habitués aux bénéfices qu'à la remise en question.

    Philippe Jourdan, associé fondateur de Promise Consulting et Panel On The Web, décrypte pour Points de Vente les différents enjeux du marché du luxe. Pour ce spécialiste du marketing, co-auteur du livre marketing de la Grenouille, les marques ne doivent pas oublier leurs fondamentaux. À savoir: l'intemporalité et la désirabilité du luxe.

    PROPOS RECUEILLIS PAR CÉCILE BUFFARD

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  • @L'Oréal Paris' latest #campaign breaks down racial barriers in #beauty [#equality #cosmetics #skintones #perfectmatch #foundation #make-up #diversity #ethnicity]

    L'Oréal Paris' latest campaign breaks down racial barriers in beauty

    By Perdita Nouril, 30-08-2016+, Telegraph, Lifestyle, beauty, Skin

    It's no secret that the lack of diversity in make-up shades is the beauty industry's biggest flaw. This week, L'Oreal Paris has stepped up to the plate with its new campaign for the True Match Super Blendable Foundation. The beauty giant has enlisted 23 celebrities and influencers with a range of skin tones, including Cheryl Fernandez Versini, the beauty blogger Amena Khan, the fitness expert AJ Odudu and the philanthropist and TV presenter Katie Piper.

    L’Oréal manages to match 98% of UK’s skin tones!

    Finally a foundation for everyone, created by the number one beauty brand in the world with their mission to bring the best in beauty to every woman, no matter their ethnicity or background.

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  • What is halal skin care and makeup, and what are the trends? [#skincare #makeup #beauty #cosmetics #halal #asia #middle east]

    What is halal skin care and makeup, and what are the trends?

    By Lucy Whitehouse +, cosmeticsdesign-europe, 06-Jul-2016

    Halal is becoming big business for the beauty industry globally, and particularly in Asia: a central focus for this week’s in-cosmetics Korea event, we take a closer look at the trend.

    Kunal Mahajan, project manager of Chemicals & Energy at Kline - top management consulting firm serving the Chemicals industry globally – explains in the article that “halal” can not only be associated with food and beverages, but that its denomination is equally appropriate for pharmaceuticals, personal care, skincare and hair care products.

    But what makes a product halal and why does “halal” become a trend in cosmetics?
    Mahajan outlines the answers in detail in his article: The key contributors to this trend is economics and the changing consumer lifestyle.

    According to Mahajan, top growth regions for halal products will be the Middle East and Asia, particularly South Asia and Southeast Asia.

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  • #Vote et #terrorisme : impact sur le Marketing au Sommaire du num. 256 de la #RFM / #Adetem [@adetem]

    EDITORIAL REVUE FRANCAISE DU MARKETING N°256

    Par Philippe Jourdan et Jean-Claude Pacitto, membres du Comité de Rédaction

    uk, brexit, ue, europeLa panique qui s’empare aujourd’hui du peuple anglais après la décision de quitter l’Union Européenne, à l’issue du référendum sur le Brexit, nous remet en mémoire les propos du journaliste et polémiste américain Walter Lippmann, l’un des premiers auteurs à avoir exprimé ses doutes sur la rationalité de l’opinion publique et sur la possibilité de la mesurer avec justesse. Voici ce qu’il écrivait en 1925 dans son ouvrage The Phantom Public (1925) à propos de l’opinion publique : « un public isolé, indifférent et incompétent, à l’humeur versatile et à l’intelligence enfantine, entièrement à la merci des moyens de communication de masse qui construisent le monde à son intention et auxquels il succombe aveuglément ». Voilà qui n’est guère rassurant sur notre aptitude à la mesurer et à la traduire avec justesse dans notre domaine, le marketing. C’est pourtant en partie à cette exercice que les auteurs retenus dans ce numéro se sont prêtés une nouvelle fois !

    Nous avons choisi de réunir dans ce deuxième numéro de l’année 2016 de la Revue Française du Marketing cinq articles très différents : le premier article porte sur l’attitude à l’égard du vote. Les deux suivants abordent le sujet du tourisme, sous l’angle de l’actualité (terrorisme) et d’un nouveau regard sur les facteurs d’influence de la visite des musées. La quatrième contribution porte sur la nouveauté perçue, un concept classique en marketing, mais que les auteurs s’attachent à rattacher à ses fondements théoriques pour mieux le mesurer. Enfin, nous clôturons ce numéro avec un article sur l’analyse des valeurs induites de la co-création à l’aide de la technologie mobile au sein d’un espace marchand dans le cas d’une expérience de restauration.

    printemps, arabe, tunisie, rfm, opinion, publiqueDans le premier article intitulé « Vers une meilleure compréhension de l’attitude à l’égard du vote : impact de l’implication, du cynisme, de l’efficacité perçue, de la crédibilité et de la religiosité », Hager Turki et Feriel Sayadi, tous deux maîtres assistant à l’Université de Carthage, se proposent de mettre en exergue quelques-uns des antécédents de l’attitude à l’égard du vote dans le contexte tunisien. Cinq sont plus particulièrement retenus : l’implication, le cynisme, l’efficacité perçue, la crédibilité et la religiosité. Les auteurs montrent dans un premier temps que les déterminants de l’attitude à l’égard du vote ont changé, à l’issue des renversements de régimes entraînés par le Printemps Arabe : autrefois un devoir sinon un principe moral, le vote est aujourd’hui un droit que les citoyens tunisiens choisissent ou non d’exercer s’ils y trouvent leur intérêt. Il est donc utile pour les leaders politiques nationaux ou locaux de s’interroger sur les antécédents de l’attitude à l’égard du vote, afin d’agir sur les déterminants pré-comportementaux de cet acte volontaire. Or si le marketing politique s’est beaucoup intéressé aux déterminants de l’attitude envers les candidats, les études sont plus rares s’agissant de l’attitude (nouvelle) envers le vote, en Tunisie particulièrement. En effet, dans un régime politique dictatorial, la politique est considérée comme un univers de conflits et de survie des intérêts individuels ou de clans, en vue de s’enrichir et d’accroître son pouvoir. En revanche, en démocratie, la politique est souvent « idéalisée » comme le meilleur moyen de résoudre les problèmes sociaux, en « transformant la volonté des citoyens en décisions politiques », même si la prédisposition favorable au vote n’y est pas nécessairement beaucoup plus élevée. Il existe donc une relation positive entre l’implication envers la politique, l’efficacité perçue du vote, la crédibilité des messages politiques tels qu’ils sont en particulier véhiculés par la publicité et l’attitude à l’égard du vote. En revanche le cynisme, qui traduit une perception négative des citoyens envers leurs dirigeants, exerce un impact négatif envers le vote. Enfin, dans le contexte tunisien, les auteurs postulent que la religiosité définie comme « la force avec laquelle un individu adhère aux principes centraux de sa religion pour les placer au centre de sa vie » (Jackson, 1999), exerce un impact négatif sur l’attitude envers le vote, une traduction de l’antagonisme entre la sphère publique et religieuse. 238 individus ont été interrogés sur Facebook dans le cadre d’un échantillon de convenance en Octobre 2015. Un modèle d’équations structurelles est ensuite adopté, distinguant les déterminants de l’attitude, l’attitude envers le vote et enfin l’intention d’aller voter. Il existe un lien statistiquement significatif entre l’attitude et l’intention s’agissant du fait d’aller voter. La relation entre l’implication et l’attitude est également vérifiée, au même titre que celle entre la crédibilité des messages et l’attitude. En revanche l’efficacité perçue n’est pas prédictive de l’attitude envers le vote : un résultat surprenant que les auteurs mettent sur le compte du manque de recul de la jeune démocratie tunisienne s’agissant de l’efficacité des programmes politiques des partis ainsi cautionnés. La religiosité n’a également pas d’impact significatif, un résultat qui peut s’expliquer par l’ambivalence de la position religieuse « officielle » sur le sujet de la participation démocratique. Enfin, les Tunisiens, bien que développant pour certains une attitude de cynisme envers leurs cadres politiques, ne semblent pas affecter par ce sentiment négatif lorsqu’il s’agit d’aller voter, l’exercice d’un droit nouveau l’emportant sur cette dernière considération. Les conclusions, résumées par les auteurs, prouvent l’existence d’un réel jeu démocratique au sein de la population tunisienne, dont certaines implications font échos à des débats d’actualité chez nous également.

    terrorisme, arabe, vote, religionLe deuxième article nous renvoie à une actualité brûlante et dramatique : celle de l’impact du terrorisme sur l’activité touristique, au cœur du modèle économique de bien des pays d’Afrique du Nord et du Maghreb. Peut-on contourner l’effet dévastateur du terrorisme sur la fréquentation touristique du pays en misant sur la seule image du pays ? C’est la question que pose Lilia Boujbel, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Sousse (Tunisie) dans son article intitulé « Tourisme et terrorisme : miser sur l’image du pays ». L’auteur rappelle fort justement dans un premier temps que la peur du terrorisme – dans sa forme aveugle, l’attentat suicide – n’impacte pas uniquement le choix des pays de destination, mais également plus largement le comportement du touriste lors de son séjour. L’article se propose donc d’étudier « l’effet des inquiétudes par rapport au terrorisme sur l’expérience du touriste lors de son séjour, en termes de comportement d’ouverture et d’exploration du pays ». Car si la stabilité et la sécurité sont des déterminants reconnus du choix du pays de destination, ils le sont également du comportement du touriste une fois rendu sur place. Le modèle théorique proposé postule que l’attitude envers le pays, défini par deux dimensions perceptives, hédoniste d’un côté et utilitariste de l’autre, exerce un impact direct sur le comportement d’ouverture et d’exploration par rapport au pays  et modère la relation négative entre le niveau d’inquiétude à l’égard du risque terroriste et ce même comportement d’ouverture et d’exploration. A l’issue d’une expérimentation menée sur 170 touristes français interrogés lors de leur séjour dans la station balnéaire de Sousse en Octobre 2014, l’auteur valide les hypothèses de sa recherche : une attitude forte et favorable envers le pays de destination – telle que mesurée par les deux dimensions hédoniste et utilitariste – agit « comme un rempart face aux effets négatifs des inquiétudes produites par la menace terroriste » s’agissant du comportement d’ouverture et d’exploration du touriste étranger une fois rendu à destination. Une des applications managériales les plus évidentes réside dans l’orientation des messages publicitaires adressés aux touristes inquiets face à la montée des terrorismes pour tenter d’endiguer l’appauvrissement des sources de revenus touristiques pour les pays plus directement touchés.

    musée, tourisme, marketing, frequentationToujours en lien avec le tourisme mais sur un sujet plus léger, le troisième article porte sur l’évaluation de l’expérience de visite au musée. Amélie Clauzel, Caroline Riché et Marion Vidal, respectivement Maîtres de Conférences à l’Université Panthéon-Sorbonne, à l’IAE d’Amiens et l’Université de Reims, s’intéressent à la relation entre la provenance géographique des touristes et le niveau de satisfaction exprimé en ligne à l’issue d’une visite au musée. Cette relation, sujet de l’article « Origine continentale du visiteur et expérience au musée : une approche interculturelle des avis en ligne », est étudiée au travers d’une double méthodologie, quantitative puis qualitative.  Les auteurs soulignent en propos liminaires de leurs travaux que si les avis en ligne ont été abondamment étudiés s’agissant des lieux de séjour (hôtels) et de restauration, peu d’études ont plus spécifiquement portées sur les lieux de visite (musées, sites, etc.) alors même que les recommandations des Internautes ne sont pas « neutres pour leur fréquentation ». Les auteurs insistent sur l’organisation des services culturels – dont les musées font parties – en deux cercles concentriques, le noyau qui délivre le service de base et le cercle périphérique dédié aux services annexes, l’ensemble étant constitutif de « l’expérience muséale », au sein de laquelle les interactions entre les visiteurs et le personnel occupent une place importante. Or l’appréciation de l’expérience globale est fortement conditionnée par la culture d’origine, que l’on peut rattacher au pays d’origine du visiteur, en raison en particulier d’attentes différenciées en termes de services.  L’étude de nature qualitative et quantitative s’appuie sur les évaluations postées (et chiffrées) sur un site communautaire suite à une visite de musée (701 évaluations concernant 6 musées d’art parisiens). Il existe bien un effet de l’origine géographique du visiteur sur l’évaluation : les visiteurs asiatiques ont une propension à la clémence plus marquée que les visiteurs nord-américains, en raison d’un ancrage de référence différent qui, au final, impacte le niveau d’évaluation. On peut aussi arguer que la volonté de « plaire » ou plutôt de ne pas « déplaire » est peut-être davantage le fait de la culture asiatique que de la culture américaine. Sur un plan plus qualitatif, les visiteurs asiatiques valorisent davantage les dimensions hédoniques et esthétiques de l’expérience muséale, alors que les cultures occidentales semblent porter la même attention aux éléments centraux et aux éléments périphériques de l’expérience de service. Du point de vue des applications pratiques, l’article met en valeur des pistes intéressantes de personnalisation de l’expérience selon l’origine culturelle du visiteur et permet d’éclairer utilement le travail du Community Manager en charge de la gestion des évaluations et des réclamations.

    innovation, nouveaute, marketing, echelleLe quatrième article intitulé « la nouveauté perçue : fondements conceptuels et proposition d’une échelle de mesure »  traite d’un concept dont on pourrait penser qu’il a été déjà très étudié en Marketing : la nouveauté perçue. Or les auteurs (Blandine Hetet, enseignant-chercheur à l’IDRAC, Claire-Lise Ackermann, professeure à l’ESC Rennes et Jean-Pierre Matthieu, professeur honoraire à l’UFR de Gestion de Paris 13), au-delà de proposer une échelle de mesure en cinq items seulement, s’attachent à bien dissocier les concepts d’innovation et de nouveauté perçue. En effet, ils rappellent que l’innovation est en soi importante, mais que ce qui importe, au final, c’est qu’elle soit perçue comme telle par le consommateur. En ce sens la nouveauté perçue de l’innovation est au moins aussi importante – sinon plus – que l’innovation elle-même. La nouveauté perçue d’un produit peut donc représenter un critère de choix déterminant du produit pour certains consommateurs. La nouveauté perçue d’une innovation est donc caractérisée – au-delà du critère de nouveauté lui-même - par ceux de récence, d’unicité en termes d’expérience ou d’usage, et de différence par rapport à l’existant au sein d’une catégorie de produits préexistante. Si la nouveauté perçue est fonction du produit, elle peut aussi différer selon les caractéristiques propres de chaque consommateur : ce qui est nouveau pour l’un ne l’est pas nécessairement pour l’autre. Pour la mise au point de leur échelle de mesure, les auteurs ont choisi le compteur d’énergie connecté Linky évalué par 388 répondants en ligne. Au final l’échelle proposée est formée de cinq items mesurant le caractère novateur, unique, différent, nouveau et sortant de l’ordinaire. Les auteurs s’attachent ensuite à montrer que la nouveauté perçue est une variable médiatrice de la relation entre l’innovativité motivationnelle dans ses quatre dimensions sous-jacentes, fonctionnelle, hédoniste, sociale et cognitive et l’attitude à l’égard du produit nouveau. Au final, les résultats sont contrastés s’agissant de l’influence de l’innovativité motivationnelle sur l’attitude à l’égard du produit nouveau, mais ils semblent plus robustes en ce qui concerne le rôle médiateur de la nouveauté perçue. En d’autres termes, l’achat de produit nouveau peut être expliqué par la tendance du consommateur à acheter des produits nouveaux mais cette impact n’est révélé que si le produit est réellement perçu comme nouveau. Dans le cas de l’innovativité fonctionnelle, l’effet indirect via la nouveauté perçue sur l’attitude se révèle même supérieur à l’effet direct. Au final, mesurer l’attitude vis-à-vis d’un nouveau produit mais également sa nouveauté perçue permet une compréhension plus complète de son acceptation par la cible marketing pressentie. Le caractère restrictif de l’innovation évaluée ici – une innovation technologique uniquement – forme une des limites soulignée par les auteurs à la généralisation des résultats de leurs travaux.

    technologie, mobile, marketing, digitalLe dernier article qui clôt ce deuxième numéro de l’année porte sur la co-création au sein d’un espace marchand à l’aide d’une technologie mobile. L’expérience choisie est celle de la restauration : « co-création et technologie mobile au sein d’un espace marchand : quelles valeurs pour le consommateur ? Une application dans le secteur de la restauration » est une contribution singulière proposée par Intissar Abbes, maître assistante à lIHEC de Carthage (Tunisie) et Yousra Hallem, enseignant-chercheur à l’IDRAC. L’expérience de service fait incontestablement de plus en plus souvent appel à la participation du client, sous une forme autodirigée lorsque ce dernier est un simple exécutant ou sous une forme collaborative lorsqu’il est partenaire de l’entreprise et apporteur de solutions. A cet égard, les aides à la vente – bornes interactives, caisses automatiques, self-scanning, catalogues interactifs ou outils de géolocalisation, etc. – n’ont pas manqué de se multiplier dans les nouveaux espaces de vente. Les technologies mobiles digitales désignées sous l’acronyme SSMT pour « Self-Service Mobile Technologies » y occupent une place de plus en plus prépondérante. La digitalisation des applications sur Mobile se traduit par une reconfiguration de l’espace de vente et de l’expérience d’achat. La co-création peut y occuper une place significative, dès lors qu’elles permettent une création de valeur partagée entre le fournisseur, le prestataire et le client. On peut ainsi prendre l’exemple de la marque Adidas qui offre la possibilité à ses clients, via une application digitale, de bénéficier d’un diagnostic d’empreinte automatisé en magasin, de l’imprimer sur une borne interactive et d’être ainsi dirigé vers le type de chaussures le plus adapté à sa morphologie. L’expérimentation menée se déroule dans un bar à salades qui offre aux clients la possibilité de créer leur propre salade à partir d’un grand choix d’ingrédients au moyen d’une application sur IPad, qui fait office de menu. Le choix se fait en trois étapes : la base, les ingrédients à ajouter et enfin le choix de l’assaisonnement. Trente entretiens semi-directifs ont été menés auprès de clients afin de recueillir leurs stratégies interprétatives. Les dimensions structurantes de la co-création en termes de valeurs de Holbrook (1999) ont été plus spécifiquement retenues, en raison de leur pertinence au contexte précité : trois grandes dimensions, les valeurs intrinsèques à l’expérience et orientées vers soi (récréative, émotionnelle, esthétique, d’évasion, d’appropriation), extrinsèques et orientées vers soi (commodité, économique, informationnelle, d’optimisation, d’apprentissage et de réassurance) et enfin extrinsèques et orientées vers les autres (lien social). L’exploitation des trente entretiens menés montre que les douze valeurs de l’expérience ainsi énoncées sont toutes bien représentées et mise en avant par les clients à l’issue de leur expérience de composition de salades personnalisées. Il y a donc une réelle valorisation de l’expérience de co-création – sous toutes ses dimensions sous-jacentes – au moyen d’une application de technologie mobile à l’intérieur même du lieu de consommation. Fait plus intéressant : l’utilisation d’une application individuelle n’isole pas nécessairement le client, même si la préservation d’une sphère d’intimité est souvent mise en avant. En effet, son utilisation est le prétexte à des discussions avec son entourage, voire à un complément d’explications et le personnel du restaurant est alors mis à contribution. On peut simplement suggérer, pour de futures travaux, qu’une hiérarchie de ces douze valeurs soit dégagée (au moyen d’une méthodologie quantitative complémentaire) afin d’opérationnaliser les axes de communication et de service autour de ces aides à la vente réellement innovantes, sous réserve qu’elles ne se traduisent pas également par une tension et une anxiété technologique accrues du client.

    Nous vous souhaitons une agréable lecture des articles que nous avons retenus pour ce numéro. Dans leur grande diversité, ils illustrent la pluralité des centres d’intérêt de nos jeunes chercheurs mais également l’étendue des champs d’application de la recherche en marketing.

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    Philippe JOURDAN - Professeur des Universités - Rédacteur en chef de RFM

    Jean-Claude PACITTO - Maître de Conférences HDR - Rédacteur en chef adjoint de RFM