Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

digital

  • Visibilité ou représentation du réel, il faut choisir !

    Visibilité ou représentation du réel, il faut choisir !

    Philippe JOURDAN, professeur des universités, UPEC  

    Jean-Claude PACITTO, maître de conférences, UPEC

    Le communauté des professionnels du marketing et de la communication est menacée, depuis quelques années, d’un virus épistémologique mortel : celui de confondre deux concepts, pourtant très différents, la visibilité et la représentativité. A vouloir appuyer des décisions, souvent stratégiques, sur des faits visibles plutôt que sur des données représentatives, la sphère marketo-communicationnel pourrait à terme signer sa propre fin.

    En effet, force est de constater qu’à l’ère de la communication digitale et des réseaux sociaux, le visible devient le seul réel. Les signaux faibles, les prédispositions émergentes, l’opinion des influenceurs, le jugement des ambassadeurs, le goût des célébrités, les tendances du moment profitent de la formidable caisse de résonnance des réseaux sociaux et des supports digitaux, pour supplanter le réel, et imposer le visible comme le nouveau mantra. Le postulat sur lequel repose cette nouvelle approche est le suivant : l’acteur dont on rapporte l’expérience est le reflet d’une tendance lourde de la société, et ce qui est peu visible aujourd’hui est la réalité de demain. La visibilité se suffit donc à elle-même, elle a remplacé le réel et définitivement écarté toute précaution de représentativité. Or, il s’agit là d’un maillon faible de toute analyse sociologique mal conduite, qui consiste à généraliser un comportement en se basant sur une seule expérience.

    Ainsi que l’explique fort bien Coenen-Huther (2006), « en dépit de l’ascèse intellectuelle la plus rigoureuse, le risque est toujours présent d’attribuer à l’acteur une logique de comportement dont on juge la portée universelle alors qu’elle est liée à un contexte socio-culturel particulier ». Plus grave encore, ce qui est immédiatement visible est réel dès lors qu’il conforte notre sens personnel de l’évidence (Abel, 1948).

    Or, nous le savons bien, ce qui est évident est souvent faux, car, comme l’écrivait Aron (1967, 1991), « l’intelligibilité intrinsèque a presque toujours pour contrepartie l’équivoque », raison pour laquelle il convient de rejeter « l’intuition non contrôlée comme principe de compréhension » (Coenen-Huther, 2006).  Dans cette approche, la visibilité est vue comme une manifestation du réel : « ce qui est visible est vrai » affirment les adeptes de ce nouveau mantra, alors que l’inverse est tout aussi plausible, ce qui est vrai n’est pas forcément visible.

    Il y a donc bien un vice caché dans cette approche, car la visibilité n’est rien d’autre qu’un construit qui résulte largement d’effets de projection de petits groupes sociaux aux caractéristiques parfaitement identifiées. Le réel, en tant que phénomène social, n’est que la résultante des actions des acteurs sociaux -l’homo sociologicus propre à Boudon- et c’est alors l’agrégation des intentionnalités individuelles qui, en se composant, donnent lieu à des phénomènes collectifs, soutenus par des valeurs, des principes, des idéologies ou des croyances (Coenen-Huther, 2006).

    Ces effets de projection produisent des effets pervers redoutables : l’objectif n’est plus tant de révéler des tendances, que de les susciter et ensuite de les diffuser largement, en vue de les faire adopter par le plus grand nombre. L’homogénéisation sociologique qui est celui de cette communauté (élitiste, instruite, cultivée, urbaine, aisée, et souvent jeune) a engendré une homogénéité idéologique qui empêche toute remise en cause. La conséquente est évidente : la diffusion d’aprioris est préférée à la validation d’hypothèses, pourtant au cœur de toute démarche d’étude scientifique, et le marketing n’est pas épargné. Les nouveaux marketo-communicants saturent l’espace cognitif de concepts comme l’inclusivité, la diversité, l’identité de genre, la racialisation, l’ethnicisation, les digital natives, la Gen X, Y ou Z, en s’interrogeant trop rarement sur leur contenu, leur origine, et leur implication. Ce sont d’ailleurs souvent les mêmes communicants qui, des années après, remettent en cause ces mêmes construits, comme on a pu le voir récemment avec la remise en cause des fractures générationnelles.

    On ne cherche plus ni à comprendre, ni même à expliquer, ce qui est le fondement même des études marketing, mais à convaincre, et disons-le à imposer. Le risque est clairement de basculer dans une recherche militante, dont le but n’est pas « d’explorer l’inconnu, mais de trouver des chiffres susceptibles d’appuyer ses dogmes » (Heinich, 2021). L’idéologie a, de fait, totalement brouillé les frontières entre visibilité et représentativité. Ce sont autant de mantras qui n’ont pas à subir l’épreuve du test. Le simple fait de les réciter produit des effets. On n’interroge plus le réel, on le somme de s’adapter.

    Dans les études sur la consommation, le mot d’ordre est clair : le mouvement vers une consommation éthique, responsable (n’oublions pas citoyenne) est inéluctable, et malheur à ceux qui révéleraient que ce n’est pas la tendance principale ! Celui qui révèle le réel devient un déviant. Une autre conséquence de cette visibilité auto-produite (et donc auto-réalisatrice) réside dans le fait que toutes les catégories sociales qui ne souscrivent pas au nouveau credo sont marginalisées et regardées comme des parias. Lors de la crise des Gilets Jaunes, des journalistes du service public ont feint de découvrir qu’on ne parlait jamais de la France périphérique, des catégories moyennes et populaires. Un hasard ? S’il n’y avait les travaux de quelques francs-tireurs, comme Guilluy (2014), venu lui de la géographie, ou Fourquet (2019) qui, dans notre petit monde, s’intéresserait à eux ? Or la consommation est un phénomène complexe, qui ne peut exclure les classes populaires, et, plus généralement, comme pour tout phénomène sociologique, les majorités silencieuses au profit des minorités visibles.

    A défaut, certaines réalités échappent totalement au regard de l’analyste de la consommation des ménages, à savoir le poids des dépenses contraintes, la gestion critique des priorités d’achat, l’inflation perçue, la stagnation intériorisée du pouvoir d’achat, la fréquentation en hausse des circuits populaires d’achat, la consommation de marques premiers prix, la hausse de l’épargne de précaution dans un monde devenu incertain. Et au final, comment comprendre une forme de violence intériorisée (mais pour combien de temps), nourrie de frustrations au quotidien de ne pouvoir consommer, lorsque les priorités des marketeurs et des communicants, amplifiées par les réseaux sociaux, se focalisent sur la consommation éthique, responsable, écologique, partagée et collaborative ? Le sujet de la hausse du prix de l’essence est l’exemple le plus marquant. On voit avec quelle difficulté le gouvernement lui-même a du mal à quantifier le besoin des classes populaires, contraintes d’utiliser leur automobile : qui sont concernés ? où résident-ils ? combien sont-ils ? pour quels usages ? comment les toucher ? Autant de questions, dont les réponses ne peuvent s’appréhender que dans des études de grande ampleur, à l’image de celles qui ont fait les beaux jours du Credoc ou de l’Insee. Mais voilà, ne sont-elles pas devenues ringardes ?

    Du côté des entreprises, au nom d’une visibilité auto-réalisatrice, ces mêmes acteurs marketo-communicants, arrivent à convaincre les dirigeants de revoir leur positionnement et de partir à la conquéte de nouveaux territoires, ignorant les études sérieuses qui leur disent de ne pas (totalement) rompre avec leur clientèle légitime au risque de brouiller leur image et de ruiner leur capital de marque. C’est ainsi que dans le domaine de la mode, il convient de s’intéresser à toutes les formes de culture urbaine (graffiti, rap, slam, hip-hop, danses urbaines, human beatbox, etc.), quitte à aller batailler sur des niches de marchés déjà largement occupées, et sur lesquelles bien des marques n’ont aucune légitimité. Mais l’injonction à le faire est très forte, car dans la nouvelle posture épistémologique que nous décrivons, il n’y pas de place, de fait, pour la demi-mesure. Il y a un modèle sociétal sous-jacent qui devient de fait la nouvelle frontière pour tous les acteurs de la vie sociale et économique.

    La représentation du réel, dont l’un des outils méthodologiques est la représentativité statistique, devient donc un « gros mot ». Dans une vision idéologique des choses, on ne prend jamais en compte le réel. Le réel est une anomalie, et de toute façon nul besoin de chercher à le connaître scientifiquement, car les nouveaux concepts produisent leurs propres résultats et ceux-ci ne peuvent aller que dans le sens de l’Histoire. Le paradoxe est, qu’au nom de l’inclusivité et de la diversité, notre société est devenu excluante à force de se vouloir totalement homogène !

    #marketing #communication #reseauxsociaux #digital #visible #reel #representativite #sondage

    Sources

    Abel Théodore (1948).- « The operation called Verstehen”.- The American Journal of Sociology.- vol. 54.- p. 211-218.

    Aron Raymond (1967).- Les étapes de la pensée sociologique.- Paris, Gallimard.- Réédition 1991.- 662 pages.

    Coenen-Huther (2016).- « Compréhension sociologique et démarches typologiques ».- Revue européennes des sciences sociales.- p. 195-206.

    Fourquet Jérôme (2019).- L’archipel français : naissance d’une nation multiple et divisée.- Editions Points.- 528 pages.

    Guilluy Christophe (2014).- La France périphérique : comment on a sacrifié les classes populaires.- Editions Flammarion, Paris.- 192 p.

    Heinich Nathalie (2021).- Ce que le militantisme fait à la recherche.- Editions Gallimard.- 48 pages.

     

     

  • [#PromiseConsulting] [#luxurylab] Le congrès Digital Luxe Meeting revient à Paris

    Par Marine Schneider, via DigiLuxury le 8 Septembre 2019 

    A l’occasion de la 8e édition du Meeting Luxe Digital à Paris le 8 octobre 2019, nous avons eu la chance d’interviewer Franck Prime, en charge de l’organisation de ce salon. Existant depuis 8 ans maintenant, ce congrès a fait ses lettres de noblesse à Miami, Dubaï, Genève et Paris. 

    Tout d’abord, qu’est-ce que le Meeting Luxe Digital ?

    Ce prestigieux événement l’est avant tout par ses participants ; des VIPs qui sont naturellement invités tels que les dirigeants de Maisons, marchands, journalistes et directeurs digitaux mais aussi 60 intervenants experts mondiaux sur scène. Les prestataires et consultants peuvent participer à événement en achetant leur billet. L’invitation se faisant par invitation ou cooptation, vous êtes sûr(e) d’y trouver le gratin du Luxe et du Digital en somme.

    [Lire plus] 

    #business #luxury #new #meeting #digital #paris #fashionweek #fashion #luxe 

  • [LUXURY LAB] [DIGITAL] | #Réseaux #sociaux, #m-commerce : #L’Occitane accélère sur le #digital | @LSA

    FROM MIRABELLE BELLOIR | LSA | http://bit.ly/2f3Z2k7

    #Réseaux #sociaux, #m-commerce : #L’Occitane accélère sur le #digital

    L’Occitane en Provence a totalement repensé son site internet. Il est maintenant adapté à la navigation sur supports mobiles. L’enseigne développe aussi sa présence sur les réseaux sociaux, en particulier sur Instagram.

    Le 29 août, L’Occitane en Provence a mis en ligne une nouvelle version de son site internet. Son design a été épuré. Il adopte les codes du luxe faisant la part belle au blanc.Toutefois, la refonte n'est pas qu'esthétique. L'organisation du site a été repensée afin de simplifier la navigation. "Plus ergonomique, il est aussi normé pour être accessible aux malvoyants", souligne Carine Ngomo, responsable communication et partenariats Europe.

    La nouvelle plateforme est désormais adaptée à la navigation sur supports mobiles. Cela semble une évidence pour beaucoup mais pourtant, encore de nombreux acteurs de la beauté ne pensent encore pas au m-commerce. L'adaptation de la plateforme web de L'Occitane à la navigation sur smartphones et tablettes est donc à souligner. Tout comme la page dédiée aux hommes. L'environnement du site change quand on clique sur l'onglet "homme". Le fond de la page passe du blanc au noir, le jaune institutionnel de l'enseigne se fait encore plus discret. Bref, le site adopte des codes graphiques assimilés à l'univers masculin :

    Réseaux sociaux, m-commerce, l'Occitane, digital

    Outre son site internet, la filiale française de L'Occitane se développe aussi sur les réseaux sociaux. Le 3 août, elle a créé son propre compte Instagram (loccitane_fr) qui recense aujourd'hui près de 3500 abonnés. L'enseigne avait déjà un compte institutionnel sur ce réseaux depuis 2011 (loccitane) qui dénombre 615 000 abonnés. A vocation internationale, les légendes des photos étaient écrites en anglais. Le nouveau compte est lui en français pour plus de proximité avec les consommatrices françaises. Le groupe L'Occitane réalise 7,9% de son chiffre d'affaires en France.

     

  • [Recherche en Marketing] | Découvrez le dernier numéro de @RFM, la revue de l'@Adetem | L'intégral de l'éditorial

    EDITORIAL REVUE FRANCAISE DU MARKETING 06/2017 | n° 259

    La RFM est la plus ancienne revue française de marketing. Elle occupe une place éminente au sein des publications scientifiques en sciences de gestion, tant par son accréditation par la FNEGE et l’AERES, que par l’originalité de son positionnement éditorial : la RFM souhaite renforcer le lien entre la recherche académique et sa mise en œuvre dans l’univers professionnel en encourageant toute initiative visant à la co-production d’articles entre académiciens et professionnels, et plus largement en favorisant toute coopération renforcée entre les meilleurs laboratoires de recherche universitaire et les entreprises les plus performantes dans les secteurs les plus divers.

    digital, rfm, pacitto, jourdan, rdm; adetem, cosmetique, beaute, maquillage, distribution

    La distribution telle que nous la connaissions depuis les années d’après-guerre vit une mutation sans précédent depuis l’apparition du digital : aux Etats-Unis, mais pas uniquement, les grandes enseignes de distribution subissent la concurrence des acteurs du e-commerce, les obligeant à une remise en question de leur modèle économique, sous peine de disparaître. L’ère du numérique conduisant à une « ubérisation » de la société vient bouleverser les comportements d’achat en rendant notamment le consommateur co-acteur voire co-créateur de son expérience d’achat. La prise en compte de ce bouleversement doit être impérativement pris en considération par le secteur de la distribution et se traduire par des adaptations ou des modifications plus radicales dans les modes de fonctionnement. Il nous est donc apparu nécessaire de privilégier les enjeux de la distribution abordés dans trois des cinq articles qui forment le présent numéro. Deux autres articles complètent utilement ce numéro : l’un a trait au rôle de socialisation aux comportements écologiques joué par les personnages « verts » auprès des plus jeunes publics, l’autre montre l’apport des modèles de la satisfaction à la compréhension de la mobilité des habitants dans le cadre de la politique publique d’urbanisation de la ville de Casablanca. Nous avons ainsi choisi d’adresser deux problématiques actuelles, la refonte de la distribution et l’urgence écologique, tout en montrant l’universalité du raisonnement marketing qui peut également s’étendre aux politiques publiques.

    digital, rfm, pacitto, jourdan, rdm; adetem, cosmetique, beaute, maquillage, distribution

    Le premier article écrit par les professeurs Philippe Jourdan et Jean-Claude Pacitto de l’université de Paris Est, est intitulé « La globalisation de la distribution peut-elle s’affranchir des particularités régionales ? Une étude des déterminants de la pénétration sur le marché mondial de la beauté ». Les enseignes de distribution se sont appliquées à développer des modèles de distribution dont la vocation est mondiale : un même type de magasin, une offre identique, des prestations de service inchangées dans chaque pays. Ces enseignes dans de nombreux secteurs sont pour autant demeurées très diverses. Ainsi, dans l’univers des cosmétiques, les drugstores, les chaînes de parfumerie, les grands magasins et les enseignes en nom propre forment quelques-uns des réseaux les plus présents sur le marché mondial. Les auteurs s’interrogent dès lors fort justement sur les déterminants de la performance commerciale, qu’ils ont choisi de résumer en prenant la pénétration comme variable dépendante : si tant d’enseignes de nature différente coexistent sur un même marché, existe-t-il d’autres déterminants de la performance commerciale ? La localisation géographique, qui sous-tend des différences d’environnement, de culture et de mentalité entre autres, est ainsi retenue, de même que l’ancienneté d’implantation sur un marché et la densité des points de vente. Les auteurs modélisent la pénétration en s’appuyant sur un modèle de variance-covariance afin d’isoler les effets des variables indépendantes retenues mais également de leur interaction sur la pénétration. Au final, le modèle se révèle fortement explicatif et montre qu’il existe bien des effets propres mais également conjoints des variables retenues. Ainsi, sur le marché mondial des produits cosmétiques, il n’existe pas de modèle de distribution prééminent prenant la forme d’un format unique assuré d’une performance supérieure à celle de tous les autres. Les résultats, validés sur une base de données conséquente et étendue (15 pays couvrant l’Europe, le Moyen-Orient, l’Amérique centrale et du Sud et l’Amérique du Nord)  plaident en faveur d’une approche intermédiaire, une généralisation teintée d’adaptation locale. En effet, si la nature du point de vente conditionne la performance commerciale, il en est de même de la localisation géographique et de l’interaction entre ces deux dernières variables.

    digital, rfm, pacitto, jourdan, rdm; adetem, cosmetique, beaute, maquillage, distribution

    Le second article nous est proposé par le professeur Gilles Marion, enseignant-chercheur à l’EM Lyon. Intitulé « L’usage des lieux d’échange : furetage, contacts et expérience de l’acheteur », il aborde une problématique d’une grande actualité qui forme l’un des grands défis auquel est confronté la distribution aujourd’hui. « Ils se baladent dans les rayons et vont acheter en ligne et ils comparent les prix avant d’acheter en magasin ! » : c’est ainsi que l’auteur choisit de décrire les acheteurs contemporains qui ont choisi de « s’affranchir des sources d’information et d’approvisionnement élaborées à leur intention ». Parce qu’ils multiplient les points de contact avec les offres et les marques, les nouveaux acheteurs remettent en question l’approche classique du marketing appuyée sur la psychologie, la sociologie ou la culture du client. L’étude des relations interactives au sens « des médiations techniques et humaines qui définissent et rapprochent les objets et les sujets de consommation » devient dès lors incontournable, au même titre que devient obsolète le seul recours au modèle « stimulus-réponse ». Pour illustrer son propos, l’auteur se focalise sur l’expérience de « furetage » en magasin et en ligne en tant que mode d’accès aux biens. L’auteur documente deux évolutions fortes, la première a trait à la multiplication des points de contact et des sources d’information (stratégie omni-canale), la seconde à une substitution progressive de l’usage à la possession dans le rapport aux biens (consommation collaborative). Face à la multiplication des points de contact, l’approche par l’optimisation du seul mix-marketing semble désormais inopérante et il est plus avisé d’adresser la totalité du vécu de l’expérience de consommation en s’intéressant à l’ensemble des processus d’achat. Ce changement de paradigme amène à s’interroger sur la validité de l’ensemble de considération, tel que défini par Howard en 1957, et sur la fiabilité des marchés simulés qui ne reproduisent que très partiellement le vécu complexe du consommateur qui « agit et interagit pour effectuer un processus d’apprentissage en jonglant avec les contacts ». En conclusion, la distribution n’est plus réductible à une seule variable du mix marketing, mais s’apparente à une suite de relations interactives non nécessairement hiérarchisées. Fort de ces conclusions, l’auteur choisit d’adresser un agenda de recherche ambitieux, focalisé sur l’étude des lieux d’échange, digitaux, physiques ou relationnels.

    digital, rfm, pacitto, jourdan, rdm; adetem, cosmetique, beaute, maquillage, distribution

    Le troisième article s’articule comme une première réponse à cet agenda. L’auteur, Elodie Huré, professeure à l’Ecole de Commerce de Rennes, dans le cadre d’une recherche qualitative présentée sous le titre « Entre Drive et Supermarché : une exploration de l’intégration d’expériences de magasinage », adresse la nécessité de gérer d’une manière « intégrée et synergétique » les canaux et les points de contact disponibles, de façon à « ce que l’expérience client à travers les canaux et la performance des canaux soient optimisées ». Dans le cas de la distribution alimentaire, l’auteur s’applique à décrire l’interaction du drive et du supermarché dans le cas d’une stratégie de distribution multicanale intégrée, plus proche du cross-canal (combinaison) que du multicanal (en silos) et tendant vers l’omni-canal (intégration). Pour cela, le concept d’expérience en tant qu’interaction entre une personne, un lieu de vente et un motif de magasinage est mobilisé, étant entendu que l’expérience omni-canale est ici protéiforme et sans limitation stricte, ni spatiale ni temporelle. Onze entretiens qualitatifs ont été menés, en plaçant au centre l’expérience digitale de magasinage, puis celle en magasin qui l’a précédée et suivie. Il en ressort que l’expérience de magasinage physique évolue à la faveur de l’achat en ligne : il est certes moins fréquent, moins routinier mais il acquiert également une valeur émotionnelle supérieure. Le recours au drive ne signifie pas non plus le renoncement à toute relation humaine, le contact avec le personnel pouvant même se révéler chaleureux. Le parcours sur le site Internet de l’enseigne alimentaire peut aussi s’inspirer du cheminement par rayon adopté en magasin. Il s’agit certes ici d’un premier travail exploratoire, mais les conclusions plaident en faveur de l’intégration des expériences et de la prise en compte du contexte dans l’optimisation des expériences.

    digital, rfm, pacitto, jourdan, rdm; adetem, cosmetique, beaute, maquillage, distribution

    Le quatrième article nous fait quitter l’univers de la distribution pour aborder le sujet de l’éco-socialisation, autrement dit de l’apprentissage du comportement écologiquement responsable. Deux enseignants-chercheurs tunisiens, Soumaya Askri Jendoubi et Hechmi Najjar, nous proposent une recherche conduite auprès d’un jeune public et intitulée « Eco-socialisation des enfants : réflexion prospective sur la contribution des personnages emblématiques ‘verts’ ». Les auteurs soulignent à juste titre l’importance du jeune public dans l’adoption de comportements de consommation écologique, en raison de leur nombre mais également des perspectives qu’ils dessinent pour l’avenir. Ils ciblent leur démarche sur le rôle que jouent les personnages emblématiques dans l’effort de socialisation écologique des enfants. Ils définissent l’éco-socialisation comme « le processus par lequel un enfant apprend directement ou indirectement des connaissances, des compétences et des valeurs écologiques grâce aux personnages emblématiques en vue d’avoir une conduite responsable ». De nombreuses marques recourent en effet à des personnages emblématiques, souvent fictifs, pour véhiculer un message et servir de caution à une identité de marque. Trois grandes familles de personnages : les personnages de marque, les personnages publicitaires ou bien les personnages de licence. Ces personnages permettent de développer chez l’enfant la mémorisation de la marque, la reconnaissance du produit, la personnification, la compréhension du message et au final l’attachement à la marque. Ils forment en cela des agents de socialisation.  Le personnage vert peut alors être défini comme « le signe figuratif doté d’une connotation et d’une identité écologique et associé à des produits verts ». Pour tester l’impact de ces personnages dans une publicité, les auteurs mènent une expérimentation quantitative en comparant les réactions à deux types de stimuli (avec et sans personnage vert) auprès d’un public d’enfants de 8 à 11 ans. Dans une troisième partie, les auteurs ajoutent un texte écrit afin de vérifier l’apport à la compréhension du message de la présence du personnage vert. Le produit est un shampoing écologique de marque fictive afin d’éviter toute influence de connaissance antérieure. Le questionnaire est naturellement adapté dans sa formulation à l’âge cognitif des enfants. Les résultats valident les hypothèses sur la contribution des personnages verts à la socialisation écologique des enfants. La dimension émotionnelle exacerbée par la présence du personnage est celle qui conditionne le plus l’intention d’achat. L’appropriation par les enfants du personnage peut également les amener par mimétisme à adopter son comportement et par là même à agir de façon plus écologique. Ces enseignements ont le mérite d’être très opérationnels pour les marques qui ciblent ces jeunes publics et souhaitent développer une consommation responsable.

    digital, rfm, pacitto, jourdan, rdm; adetem, cosmetique, beaute, maquillage, distribution

    Le choix du dernier article a été dicté par une considération : montrer l’apport du marketing à d’autres champs d’application que la seule consommation. L’auteur, Mr Ezzohra Belkadi, professeur à l’Université Hassan II de Casablanca, a choisi de transposer un modèle américain de la mesure de la satisfaction des consommateurs à celle des résidents d’une grande ville de pays émergents, en l’occurrence Casablanca au Maroc. Ce travail, intitulé « Les déterminants et conséquences de la satisfaction des résidents dans les pays en développement : application du modèle américain de l’indice de la satisfaction des consommateurs à la ville de Casablanca »,  s’inscrit dans un courant de recherche favorisé par les pouvoirs publics et les collectivités territoriales visant à promouvoir les facteurs d’attractivité des grandes métropoles dans le cadre du développement régional. Ce facteur d’attractivité est conçu au sens le plus large et s’inscrit donc au-delà des seuls critères économiques. Le rapprochement avec les outils développés par le marketing semble donc une évidence dans le cadre de ce qui s’appelle désormais le « marketing territorial » : le territoire devient un produit particulier à promouvoir et les résidents des métropoles un segment stratégique en termes de satisfaction et de qualité de vie. L’auteur se propose d’identifier les facteurs qui déterminent la satisfaction des Casablancais vis-à-vis de leur ville de résidence. Pour cela, il s’appuie sur la généralisation du modèle américain de l’indice de satisfaction des consommateurs (ACSI) aux résidents-clients en quelque sorte. L’intérêt de cette transposition est qu’elle a déjà été testée dans le champ disciplinaire du management public et territorial dans le cas de la ville de New-York. Le modèle en particulier établit l’importance du lien entre la qualité des services fournies et la satisfaction retirée par les publics, consommateurs, citoyens ou résidents selon la problématique : ce lien est à la base des 4 hypothèses formulées par le chercheur. Leur validation s’appuie sur une enquête réalisée auprès de 294 résidents de la ville de Casablanca en 2016. La qualité perçue se décline sur les services publics suivants : transport, enseignement, loisirs, infrastructures, sécurité, bibliothèques, propreté, espaces verts. L’intention de mobilité est en outre assimilée au concept de fidélité dans les études de consommation : un résident satisfait songera, en effet, moins souvent à changer de résidence. A l’issue du test de son modèle, l’auteur valide ses 4 hypothèses : la satisfaction des résidents est donc bien impactée par la qualité des services publics telle que définie ; en outre, il existe bien une relation positive entre la qualité perçue des services publics et la confiance dans les autorités locales, ainsi qu’une relation négative entre la satisfaction et l’intention de mobilité. L’intérêt de cet article est de montrer qu’il est possible d’étendre au champ du management public les concepts et les modèles traditionnellement attachés à la mesure de la satisfaction dans le domaine de la consommation : le marketing devient ainsi pluriel. Etant moi-même originaire de Corse et enseignant-chercheur dans l’Ile de Beauté à l’université de Corte, l’apport du champ disciplinaire du marketing à la promotion d’un territoire fait évidemment écho à mes propres centres d’intérêt en matière de recherche.

    Je vous souhaite à tous une bonne lecture de ce numéro et suis heureuse de partager avec vous le plaisir que j’ai eu à le composer.

    Thérèse Albertini | Enseignant-chercheur | Université de Corte (Corse)

    #albertini, #corte,#paoli, #rfm,#adetem

  • Baromètre #Cross-canal | produits de beauté | Internet et Enseignes Spécialisées font reculer les Enseignes de Masse

    COMMERCE PHYSIQUE VS. COMMERCE DIGITAL

    Produits de beauté : la nécessité d’une expérience physique condamne-t-elle l’e-commerce ?

    cosmetique,shampoing,produits pour le corps,beaute,cross-canal,multicanal,magasin,enseigne,e-commerce,digital

    Poursuivant son étude mensuelle cross-canal, Promise Consulting | Panel On The Web s'est intéressée aux lieux d'achat favoris des Français pour leurs produits de beauté (maquillage, soin, shampoings & produits pour le corps).

    Le Baromètre Cross-Canal mesure la performance comparée des circuits de distribution traditionnels et de e-commerce par segments de marché. Il fait suite aux enseignements d’un ouvrage de référence publié par Promise Consulting sur les Nouveaux Comportements de Consommation et intitulé « Le Marketing de la Grenouille » (Editions Kawa | http://bit.ly/2k1N4rf). Pour plus d’informations : http://promiseconsulting-blog.com.

    Si les enseignes commencent à intégrer ces tendances en adoptant des stratégies dites « omnicanales », la naissance de pure players dédiés exclusivement à la beauté et à l’hygiène s’annonce complexe. Plusieurs facteurs semblent en effet freiner leur développement, même si le secteur du maquillage et du soin ont vu l’émergence d’acteurs nouveaux dont le développement commercial s’appuie essentiellement – sinon exclusivement – sur le digital (ex. Birchbox, Smashbox, etc.). En effet, en raison de la nécessité de l’expérience physique qu’impose ce type de produits, l’achat en ligne paraît souvent risqué pour le consommateur. Pour autant, sous la pression de sites de vente en ligne de produits cosmétiques et d’hygiène comme Feelunique.com, Santemoinschere.com ou Allbeauty.com, les enseignes physiques, qui continuent d’être les lieux d’achat favoris des consommateurs français, ont bien entamé leur révolution digitale. 

    Suite à un premier volet consacré aux vêtements, la lingerie, les chaussures et les parfums, puis à un deuxième consacré aux produits alimentaires, Promise Consulting a souhaité mesurer le taux de pénétration des canaux pour les produits de beauté (maquillage, soin, shampoings et produits de bains), et enfin la satisfaction et l’intention de recommandation à l’issue du dernier achat effectué en fonction des lieux d’achat.

    QUELQUES CONCLUSIONS FORTES

    cosmetique,shampoing,produits pour le corps,beaute,cross-canal,multicanal,magasin,enseigne,e-commerce,digital

    la pénétration de l’e-commerce est encore loin derrière celle des magasins physiques et les Français dans leur grande majorité ont encore le réflexe de se rendre en hypermarchés ou dans des enseignes spécialisées en proportions importantes (au minimum 81% des achats sont effectués en magasins).

    Pour autant, les enseignes traditionnelles auraient tort de se reposer sur leurs lauriers car l’étude met en exergue deux points inédits :

    1- Le commerce digital surclasse les hypermarchés et les supermarchés en termes de satisfaction dans les trois univers mais les enseignes spécialisées font jeu égal avec le digital en maquillage et en soin pour la peau.

    2- L'e-commerce s'impose face aux points de vente physiques en matière de recommandation, à l'exception du maquillage toutefois grâce à la forte attractivité des enseignes spécialisées. 

    ETUDE COMPLÈTE SUR DEMANDE AUPRES DE PHILIPPE.JOURDAN@PROMISECONSULTINGINC.COM

    EN SAVOIR PLUS SUR L’OUVRAGE « LE MARKETING DE LA GRENOUILLE » : [Marketing de la Grenouille]

    TELECHARGER LES INFOGRAPHIES[Infographies]

    Lire la suite

  • Wall Street Journal | Trump pourrait être le premier président de la Silicone Vallée | @digital @adetem @sommetsdigital

    TRUMP POURRAIT ETRE LE PREMIER PRESIDENT DE LA SILICON VALLEE

    Par Andy Kessler | Wall Street Journal | traduit de l’Anglais par Philippe Jourdan

    Follow @andykessler | @pjourdan1967

    trumpQue cela plaise ou non, Donald Trump a « disrupté » la politique. On pourrait même dire qu’il est le premier Président de la Silicone Vallée. Ce qu’Amazon a fait aux libraires, Napster à la musique et Uber aux taxis, Mr. Trump l’a fait au Parti Républicain, aux élections présidentielles et peut-être à la gouvernance globale.  « Bouger vite et briser les règles » sont des slogans affichées partout sur Facebook. Cela ne vous rappelle rien ?

    En surface, Mr Trump et la Silicone Vallée sont aussi opposés que l’huile et l’eau. Il est un homme de l’immobilier. Très fortement endetté. Issu d’une famille d’hommes d’affaires. Un mépris affiché des immigrants. Contre le commerce libre. Mais en réalité, il partage le même ADN disruptif. Aucun respect pour l’autorité. De gros risques pour de gros profits. La plupart des gens peuvent penser que vous êtes fous, à vouloir vous battre contre les moulins à vent. Les voitures qui se conduisent toutes seules ? Trump en tant que Président ? Ce n’est que pure folie jusqu’au moment où cela arrive.

    silicone vallee, silicon valleyComme la Silicone Vallée, Mr. Trump brise toutes les règles. Amazon a combattu la taxe fédérale pendant toute sa croissance. Uber a juste ignoré les ordonnances prises à son encontre de « cesser et de s’abstenir ». Napster n’a jamais entendu parler des droits accordés par les Copyrights. Mr Trump a insulté ses opposants, se met lui-même hors-jeu,  et se moque pas mal de la publicité télévisée. Tout entrepreneur a lu « The Lean Startup » (« l’entreprise dégraissée »), Mr. Trump pourrait lui avoir écrit « The Lean Campaign » (« La campagne dégraissée »).

    Les deux voient Twitter comme une arme de disruption massive des médias. Comme Mr. Trump, beaucoup dans la Silicone Vallée parlent en phrases très courtes – en parfaite adéquation avec la limitation technique de Twitter à 140 caractères. Mr. Trump est un obsédé des 

    sondages, de la même façon que la Silicone Vallée est obsédée des Likes, des Retweets et d’amasser les Followers.

    Mr. Trump a une relation très particulière avec la vérité (qui n’est pas sans rappeler l’affaire Theranos). Il veut apparaître amaigri (à la manière de Steve Jobs). Et tout comme Amazon a lentement construit une économie mondiale de la donnée sur Internet, et Uber une société de livraison (et non de transport), Mr. Trump dit souvent quelque chose pour distraire ses opposants pendant qu’il poursuit en réalité d’autres buts.

    Il est aussi disruptif qu’Amazon, Uber et Napster et aussi risqué que n’importe quelle start-up de haute technologie.

    Mr. Trump veut que l’Amérique soit de nouveau une grande nation, alors que la Silicone Vallée veut rendre le monde meilleur. En cela, la vie veut copier l’art et à son tour l’art veut copier la vie. Dans la fiction de la chaîne HBO, « Silicone Vallée », Gavin Belson, dirigeant de Hooli, une société qui ressemble fortement à Google, déclare à la manière de Trump : « Je ne veux pas vivre dans un monde dans lequel quelqu’un voudrait rendre le monde meilleur que ce nous réalisons ».

    elon musk, teslaÊtre disruptif, c’est prendre le risque de se tromper tôt et souvent. Le fondateur de Tesla et de SpaceX, Elon Musk, était sans le sou en 2009-2010. « J’étais à court de cash », a-t-il écrit dans une procédure judiciaire de divorce ; il empruntait à des amis et dormait sur leur canapé. Mr. Trump est également passé par là, avec des faillites de casinos, qui l’ont obligé à emprunter à des amis banquiers qui lui ont même pris son yacht.

    Quoi d’autres ? La Silicone Vallée est souvent accusée d’être pleine de « potes » technologiques et entretient ses propres rumeurs confinées aux discussions de vestiaires – regardez le Gamergate.

    La Silicone Vallée pratique sa propre forme de populisme. La technologie est pour les masses plus que pour l’élite. Les smartphones, les réseaux sociaux et la réalité virtuelle, toutes ses applications nécessitent des milliards d’utilisateurs, entraînant un raisonnement populiste dans la conception des produits, sinon une idéologie de « transfert du pouvoir, rendu au peuple ».

    Oui la Silicone Vallée détruit des emplois que Mr. Trump préférerait sans doute préserver. Mais à l’issue de plusieurs cycles, la technologie finit par créer plus d’emplois qu’elle n’en détruit, détenant ainsi plus de pouvoir économique que n’importe quel Président.

    hillary clinton, trump, crowdpac

    Peu importe. Dans l’ensemble et à l’exception de Peter Thiel, les personnes dans la Silicone Vallée déteste Donald Trump. Hillary Clinton l’a emporté à hauteur de 85% à 9% à San Francisco et de 73% à 21% dans le comté de Santa Clara. Les technophiles ont des sursauts émotionnels dont Meryl Streep tirerait fierté. Mais je pense que c’est d’abord parce qu’ils voient secrètement un petit Donald Trump en chacun d’entre eux. C’est la vallée entière qui a besoin d’une thérapie.

    Mais si j’étais Donald Trump, je me méfierais. Le petit secret qui entache la Silicone Vallée, c’est que 9 fonds d’investissement sur 10 échouent, parfois de manière spectaculaire. Alors, une présidence Trump sera-t-elle disruptive ? Le jury n’a pas encore été choisi pour trancher, mais s’il s’inscrit dans la continuité de sa campagne électorale et ferment vraiment des services et des agences obsolètes comme la FCC, il pourrait se voir attribuer le titre de Premier Président de la Silicone Vallée.

    Mr. Kessler, un ancien dirigeant de fonds d’investissement, est l’auteur de « Eat people » (« Manger les gens ») (portfolio, 2011).