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marketing - Page 13

  • [#Marque #France] - Constat et propositions pour passer du mythe à la réalité

    Philippe JOURDAN, professeur des universités, CEO Promise Consulting Inc

    Jean-Claude PACITTO, maître de conférences, expert Promise Consulting Inc

     

    identité, nationale, france, nationalFace à l'accroissement de notre déficit du commerce extérieur et plus largement pour relancer la consommation, les pouvoirs publics ont mis en place une mission "marque France"[1] dont l'un des objectifs est d'affirmer la primauté de la marque-pays (et ce faisant de tous les produits made in France). Il s'agit, on s'en doute, d'inciter à acheter des produits français tant les étrangers que nos propres concitoyens. Outre la difficulté que pose la définition du made in France dans une économie mondialisée, cette démarche se heurte à un autre enjeu : le simple appel au "patriotisme" économique se révélant inopérant, sur quelles valeurs positionner la marque France et les produits qui en découlent auprès de nos concitoyens ? Notre propos est ici de montrer que cette démarche peut se servir utilement d’un outil éprouvé de positionnement de la marque (le prisme d’identité), sous réserve d’éviter certains écueils.

     

    LA MARQUE FRANCE, UN DEFI POUR LE COMMERCE INTERIEUR

    rafale,france, arme, aviation,marketingLa mission a défini trois valeurs fondamentales constitutives de la marque France, à savoir la passion, comme amour des gestes et des savoir-faire, la vision, reflet du désir de donner du sens, la création, née de l'effet de surprise. A la lecture, le degré d'abstraction de ces valeurs, voire leur caractère conceptuel et quelque peu élitiste, laisse entrevoir une difficulté bien réelle : comment positionner une marque France et ses produits auprès de nos concitoyens avec de telles valeurs ? Nous parlons ici de produits grand public qui participent tout autant d'une position de marché forte (et font et défont un bilan du commerce extérieur), au-delà donc des seuls éternels porte-étendards de la French touch comme le luxe par exemple ou les grands fleurons industriels (le TGV, Airbus, Areva, etc.). Car, s'il est utile de vendre la marque France à l'étranger, il l'est plus encore d'en affirmer sa primauté sur son propre marché dans des secteurs aussi divers que l'alimentaire, l'automobile, l’électroménager etc.

    On se rend alors compte que ces valeurs fondamentales relèvent davantage d'axes de communication et qu'elles ciblent prioritairement un public "élitiste" sur des marchés d'exportation. Or, ce qui peut aider à la promotion du TGV, de l'A380, de nos centrales EPR  ou de nos métiers d'art est-il suffisant pour convaincre nos concitoyens d'acheter français ? En résumé, tout semble se passer comme si les axes de communication (le message) avaient été définis alors même que le positionnement de la marque (le sens) n'a pas été clairement établi.

     

    QUELLES VALEURS PARTAGEES POUR LA MARQUE FRANCE ?

    marque france, france, marqueQuel positionnement pour la marque ? En d'autres termes, dans quelle catégorie mentale souhaite-t-on inclure la marque France pour la différencier fortement de celles des pays concurrents ? Pour faire simple, sur quelles valeurs partagées et comprises de tous, le patriotisme économique français peut-il s'affirmer ? Les Allemands, on le sait, jouent sur la qualité (Audi), les Italiens sur le style qu'ils sont capables de conférer à des produits de consommation courante (Alessi), les nordiques sur le design et la sobriété fonctionnelle (Ikea), les américains sur l'innovation numérique (Google, Apple, etc.). On voit bien ici l'empreinte de la culture, de l'héritage, du patrimoine, qui fait au fond la cohérence reconnue (et partant[JF1]  la valeur ajouté) du positionnement de chaque marque nationale. Serions-nous un "mix" de chacune ?

     

    REJETER LES VALEURS FANTASMEES

    innovation, marque, marketing, franceEn préambule, il convient de rejeter des valeurs projetées voire fantasmées, car – et c’est là un point essentiel – la marque France doit être crédible. Le transgressif ("nous créons des choses inattendues", "nous faisons l'événement") mis en avant par la mission France est certainement en phase avec les attentes des populations urbanisées et aisées de notre pays, mais qu'en est-il pour les autres catégories sociales ? Enfin, notre transgression est souvent très relative et relève le plus souvent de la posture du "mutin de Panurge » si bien décrite par Philippe Muray : une rébellion souvent factice, loin des véritables stratégies de rupture créatrices de valeur nouvelle. Notre propos n'est pas de dénaturer le travail de la mission "marque France", il est de le contraster avec une réalité quotidienne d'autant plus tenace qu'on le sait bien les faits sont souvent têtus. Or, s'il y a indéniablement une fibre innovatrice dans notre pays (mélange de passion, de vision et de création), elle est aussi contrebalancée au quotidien par le conformisme, la bureaucratie et le corporatisme. La France, c'est aussi cela pour nombre de nos concitoyens.

     

    FAIRE LE CHOIX ASSUME DU PRIX ET DE LA QUALITE

    qualité, iso, marketing, marquePositionner la marque France, c'est d'abord faire le choix assumé de la qualité. Nos constructeurs automobiles l'ont bien compris lorsqu’ils se sont engagés, il y a quelques années, dans une démarche de qualité totale dont ils recueillent aujourd'hui les bénéfices. Si nos constructeurs semblent ces derniers temps retrouver des couleurs, c'est d'abord parce que leur offre est désormais adaptée aux demandes du marché et cela a donc peu à voir avec le seul réflexe patriotique d'achat. Un patriotisme économique se construit avant tout en affirmant la supériorité du positionnement de ses propres produits. En matière de services, la qualité passe par une posture d'accueil, d'écoute, de réponse adaptée et courtoise. La simple création de labels (Qualité Tourisme, Savoir Plaire) ne suffit pas et les métiers du tourisme le savent bien[2]. Or, le choix de la qualité est une condition nécessaire, mais non suffisante. Car le positionnement d'une marque nationale recoupe inévitablement une réflexion sur l'identité. Un positionnement renvoie nécessairement à des valeurs partagées, à une identité assumée, d'un "prisme d'identité" pour reprendre la terminologie propre à Jean-Noël Kapferer. C'est là également le sens de la réflexion d'Adeline Challon-Kemoun, directrice de la communication d'Air France, lorsqu'elle déclare : "quand on réfléchit sur la marque Air France, on s'interroge sur la francité, sur les valeurs que l'on veut endosser et comment les exprimer[3]... ". Si on reste sur le cas Air France, il n'est pas sûr par exemple que la passion, la vision et la création s'y appliquent toujours... ou que l'on puisse leur donner un caractère concret, en phase avec l'expérience d'achat et d'usage du service aérien du transporteur au quotidien, alors qu'Easy Jet est synonyme d'un service essentiel ("come on, let's fly!") à un coût optimisé, une vision pragmatique du transport aérien bien en phase avec les qualités reconnues de nos voisins britanniques.

    Ces deux exemples montrent également que la marque France doit s’inscrire dans un positionnement prix compétitif. Les Français sont attachés à leur compagnie nationale, la classant au premier rang de leurs compagnies « idéales » (Promise / Panel On The Web, juillet 2014)… mais sont de plus en plus nombreux à voyager sur des compagnies low-cost ! La logique du prix gagne du terrain dans de nombreux secteurs. Ce constat est naturellement amplifié par la crise du pouvoir d’achat, mais il participe d’une redéfinition plus durable du contrat de marque : le consommateur averti s’attache aux bénéfices essentiels refusant d’endosser une survaleur « artificielle », qualifiée dédaigneusement de « marketing ».

     

    POSITIONNER UNE MARQUE, C’EST FATALEMENT REFLECHIR A SON IDENTITE

    france, territoire, identitéAu-delà de la qualité et du prix, il s'agit de donner du sens à la marque, c'est-à-dire de déterminer un ensemble de représentations consensuelles pour son public que l'on regroupe habituellement en trois classes, les représentations fonctionnelles, expérientielles et émotionnelles. Ainsi Ruinart, la plus ancienne marque de Champagne, est un Champagne équilibré entre valeurs féminines et masculines, bien distribué mais relativement discret. Il n'est pas étonnant qu'un récent baromètre (Promise Consulting Inc, octobre 2014) l'ait classé en tête des marques aspirationnelles de Champagne selon les Français. Nous sommes bien sur un produit élitiste et pourtant les valeurs décrites ici ont un caractère concret que chacun peut s'approprier.

    S'identifier à une marque, c'est d'abord en partager l'identité pour transposer dans le domaine du marketing le raisonnement de Muriel Surdez et alii à propos des identités politiques[4]. Il n'est donc pas étonnant que le prisme d'identité de la marque soit encore aujourd'hui l'outil d'analyse le plus utilisé pour définir les valeurs d'une marque. Deux dimensions du prisme nous interpellent plus précisément. En premier, le reflet de la marque, à savoir l'image que le public se fait de l'acheteur de la marque (Rolex associée à la réussite professionnelle). En second, la mentalisation de la marque, c'est-à-dire l'image que l'acheteur d'une marque se fait de lui-même. De la sorte l'acheteur d'une Dacia se considère un automobiliste malin et intelligent, qui privilégie le "juste essentiel". Reflet et mentalisation renvoient inévitablement à la notion « d’identité nationale », c’est-à-dire à une communauté de valeurs identitaire sur lesquelles nos concitoyens sont prêts à s’accorder. Notre propos n’est pas de les définir mais de proposer un cadre de raisonnement qui permette d’éviter certains écueils.

    Car si on souhaite aller plus loin, on se rend vite compte que le débat sur la définition de la marque France est inséparable de celui sur l'identité de la France. Nous sommes donc nécessairement ramenés à l’interrogation première : comment les Français perçoivent-ils leurs produits et à quelle identité souhaitent-ils que ceux-ci les renvoient ? Les réponses à ces questions sont difficiles à apporter car les Français ont du mal à définir ce socle de valeurs qui leur seraient communes, alors que les valeurs individuelles semblent l’emporter sur le destin collectif[5]. L’attachement aux Droits de l’homme, à la dignité de l’être humain et à la justice sociale ne saurait suffire car il n’est aujourd’hui nullement différenciateur en Europe de l’Ouest.

     

    S’ANCRER DANS LA REALITE QUOTIDIENNE POUR RESTER CREDIBLE


    réalité, marque, france, marque-francePlusieurs pistes méritent toutefois d’être explorées. En premier lieu, se mettre au niveau du consommateur, ancrer la démarche dans le quotidien de la vie de nos concitoyens et la faire porter sur des produits courants (l’alimentation, l’énergie, les transports, le tourisme, l’habillement, le multimédia, etc.). En second lieu, mettre en avant les territoires pour revaloriser les savoir-faire ancestraux dans le domaine de l’artisanat, les méthodes traditionnelles d’élevage et de production dans le domaine alimentaire ou les métiers dans le domaine du luxe. Or, on se heurte ici à deux difficultés. Le premier obstacle est d’ordre institutionnel : le centralisme des pouvoirs et des décisions en France s’oppose à l’émergence d’identités territoriales fortes (comme dans les cas allemand et américain). Le second tient à la mondialisation des circuits de production et de commercialisation qui entraîne de facto une dilution de l’identité nationale (et de surcroît locale) d’un produit : la conception, la fourniture de la matière première, la sous-traitance des composants, le montage des sous-ensembles, la distribution du produit fini sont assurés dans des pays différents… que signifie, dès lors, le Made In ?

     

    PROMOUVOIR LES TALENTS PLUTOT QUE LES ORIGINES

    google, indien, sundar pichaiUne façon de contourner l’obstacle pourrait être la promotion de l’identité nationale des talents et non plus des marques ou des produits. Ainsi Google, Facebook, Microsoft, Apple ne sont plus aujourd’hui, sinon juridiquement, des entreprises américaines mais bien des multinationales. Or, si elles sont pour le consommateur des marques américaines, c’est  en raison de la citoyenneté américaine de leurs fondateurs. De même, Chanel est aujourd’hui considérée comme une marque française en raison de la « francité » de Coco Chanel. Communiquer sur ses talents permet aux USA de disposer d’un puissant facteur de cohésion nationale (le mythe du pionnier), de véhiculer une image positive à l’étranger (un territoire riche d’opportunités), et donc d’attirer les talents du monde entier. Nous voyons dans cette démarche un autre avantage pour la France : la promotion des talents permettrait de s’affranchir du caractère parfois réducteur prêté au discours sur l’identité nationale, en permettant précisément de dépasser le débat sur les origines ethniques, géographiques ou nationales des individus pour s’intéresser aux attributs partagés d’un destin collectif. L’une des caractéristiques de la marque France pourrait précisément être sa capacité à dépasser ces clivages, en faisant la promotion des talents, des créateurs, des entrepreneurs dans le respect de leur diversité.

     

    Pour conclure, il ne s’agit pas d’abonder dans le sens d’un discours décliniste, mais de partir du réel et de ne pas occulter ce qui dérange. S’agissant de la marque France, c’est en partant de la réalité (la qualité, le prix, les territoires, les talents, etc.) que l’on sera le mieux à même de réfléchir à des solutions pérennes. La marque France n’est pas qu’une affaire de communication, et parce qu’elle doit être avant tout la traduction dans le domaine économique d’un destin collectif, sa construction suppose de partir d’une vaste consultation de ses publics (institutionnels ou particuliers, publics ou privés, étrangers ou nationaux) pour mieux en comprendre les attentes. Dans un contexte marqué par la mondialisation des échanges et une crise durable de la consommation, la qualité et le prix sont des prérequis incontournables. Ils ne sont pour autant plus différenciateurs. Une stratégie de marque est une chose sérieuse : si la marque doit faire rêver, elle doit aussi être crédible et réaliste pour être adoptée, sous peine de n’être qu’un exercice de style !

     

     

     



    [1] http://www.marque.france.fr/ pour plus d'information sur le sujet et les travaux de la commission.

    [2] En 2012, selon un sondage révélé par le magazine Forbes, la France a été classée comme le pays le plus "désagréable" envers les touristes.

    [3] Le Figaro, 27.03.2014

    [4]    Muriel Surdez et alii. Identifier-S'identifier, éditions Antipodes, 2010, 424 p.

    [5]    Selon une étude sur les Valeurs des Français en 2014 (baromètre TNS), le Français est défini par les termes "Moi", "Beau" 
    et "Méchant", sic.

     

  • Lancement de l’Apple Watch : Apple peut-elle devenir une marque de luxe ?

       Philippe Jourdan, CEO Promise Consulting, Professeur des Université, Paris-Est.

    Jean-Claude Pacitto, Maître de Conférences, Paris-Est.

     

    POUR LIRE EN ANGLAIS / TO READ IT N ENGLISHhttp://bit.ly/1KQTa5i

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    Le 24 avril prochain est sortie officiellement la très attendue Apple Watch dans neuf pays dont la France. Dans l'attente des réactions des premiers acheteurs, ce qui interpelle davantage aujourd'hui, c'est la volonté d'Apple de promouvoir ce "bijou technologique" comme un produit de luxe. Si l'arrivée bien connue de personnalités de l'univers de la mode et du luxe à des postes à responsabilité chez Apple laissait présager un "repositionnement" stratégique de la marque à la pomme - ce que confirme l'orientation donnée aux premières actions de lancement mettant l'accent sur le côté luxueux de l'objet - cela suffit-il pour faire d'Apple une marque de luxe ?  N'est-ce pas ici aller un peu vite en besogne ?  

    Certes, le produit interpelle : une esthétique épurée, des versions haut de gamme à partir de 11.000 euros dans leur déclinaisons en or jaune ou rose, ornées de pierres précieuses, une personnalisation des bracelets et des boîtiers et deux tailles d'écran, autant de signaux du caractère précieux de l'objet. La communication n'est pas en reste : une exclusivité d'exposition au magasin Colette à Paris, un plan média ambitieux dans le magazine Vogue et une apparition au poignet du mannequin Liu Wen, voilà qui devrait "booster" la désirabilité de la montre connectée. Mais il existe pourtant un monde entre l'objet de luxe et l'objet technologique. Auquel des deux appartient réellement l'Apple Watch, et à terme la marque Apple ?

    Commençons par définir ce qu’est une marque de luxe. Une marque de luxe présente des caractéristiques bien précises : le prix, la force de l’image, la sélectivité de la distribution, le prestige de la clientèle, l’enracinement historique dans une culture, la préservation d’un savoir-faire ou d’un métier le plus souvent traditionnel, la localisation de la fabrication et enfin la créativité. Certains de ces critères sont possédés ou accessibles à la marque Apple, pour d’autres cela paraît plus compliqué.

    Nous ne discuterons ni le prix, ni la force de l'image : dans le cas de l'Apple Watch, ces deux critères semblent remplis. En privilégiant une distribution sélective dans des boutiques en nom propre (les fameux Apple Store),la marque a parfaitement su "sublimer ses codes identitaires", renforcés par un travail de fond sur la relation clientèle envisagée avec la Watch. Le but est de prodiguer les meilleurs conseils, tel un bijoutier. Cette stratégie est bien pensée pour se différencier d'une concurrence déjà bien installée (Pebble, Samsung, Sony, Withing, LG, Kronos, etc.). Mais c'est surtout une précaution indispensable, car passer d'une clientèle technophile à une clientèle du luxe n'est pas sans danger pour la marque. Une perte de repères et d'authenticité auprès de son coeur de clientèle pourrait amener une partie d'entre elle à s'en détourner, se sentant en quelque sorte rejetée. Or la stratégie d'Apple a toujours été de faire du client, non pas un simple acheteur, mais un initié faisant partie du cercle de la marque. De plus, après avoir testé le "low cost" avec l'Iphone 5C, Apple prend avec son repositionnement le risque de trop "étendre" sa clientèle et de diluer ainsi son identité de marque, à l'instar de marques de luxe comme Louis Vuitton. "Qui trop embrasse, peu étreint" disait-on au XIVème Siècle ! Enfin, la frontière entre l'objet de mode et l'objet de luxe passe aussi par l'horizon temporel et géographique qu'ils dessinent : l'objet de luxe est intemporel, une caractéristique difficile à revendiquer dans l'univers de la technologie digitale. Il s'inscrit dans un savoir-faire traditionnel, sinon ancestral. Il s'ensuit une identification forte à un pays précis qui lui donne tout son sens : la belle mécanique est allemande, l'horlogerie de précision est suisse, la haute couture est parisienne, le design est italien, mais qu'en est-il des objets connectés ? A vouloir être une entreprise "globale" dans un univers essentiellement "technologique", Apple se prive peut-être du statut de marque de luxe. Cela ne devrait toutefois pas l'empêcher de rencontrer le succès.

  • [APPLE] Can Apple become a luxury brand?

    The Apple Watch is here. While waiting for first reactions, Apple is trying to be positioned as a luxury product. Decryption by Philippe Jourdan, Promise Consulting’s CEO, University Professor at Paris-Est, and Jean-Claude Pacitto, Senior Lecturer at Paris-Est.

    TO READ IT IN FRENCH / POUR LE LIRE EN FRANCAIS :http://bit.ly/1e4ZrjS

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    The recruitment of new personalities from the fashion and luxury universe who are in charge of important responsibilities at Apple underlines the brand’s strategic “repositioning”, and is confirmed by the firm’s first launching actions, emphasizing the product’s luxurious aspect. Still, is that enough to make Apple become a luxury brand? Isn’t it too early?  

    Obviously, the product generates interest: uncluttered esthetics, luxurious versions from 11.000 euros in golden yellow or pink variations, decorated with precious stones, a customization of bracelets and cases and two sizes of screen, so many signs of the luxurious character of the object. Communication is not outdone: an exclusive presence in the Colette store in Paris, an ambitious media plan in the Vogue magazine and an appearance on the wrist of the model Liu Wen, all of which should boost the desirability of the connected watch. Still, there’s a world between the luxury object and the technological object. Which one does the Apple Watch really belong - and subsequently the brand Apple - to?

    Let’s begin by defining what a luxury brand is. A luxury brand presents very precise characteristics: price, image strength, selectivity of the distribution, prestige of the clientele, historic implanting in a culture, conservation of a savoir-faire or a traditional job, localisation of manufacturing and finally, creativity. Some of these criteria are possessed or achievable by the brand Apple, for others it seems more complicated.

    We should not discuss either price, or image strength: in the case of the Apple Watch, these two criteria seem fulfilled. By favoring a selective distribution in its own shops (famous Apple stores), the brand knew exactly how to "sublimate its identity", strengthened by a thorough research on the customer relations planned for Watch. The purpose is to lavish the best advice, like a jeweler. This is a well-thought strategy to differentiate from an already well-established competition (Pebble, Samsung, Sony, Withing, LG, Kronos, etc.). But it is especially an essential precaution, because shifting from a technophile clientele to a luxury clientele is not without risk for the brand. A loss of landmarks and authenticity with its base clientele could bring part of them to turn away from Apple, feeling in a way rejected. Yet the strategy of Apple always was to make the customer be, not only a simple buyer, but a member of the brand’s circle. Furthermore, having tested the "low-cost" strategy with the iPhone 5C, Apple takes, with its repositioning, the risk of "widening" its clientele too much and subsequently diluting its leading identity, following the example of luxury brands as Louis Vuitton. “He who embraces too much, holds little” as it was said in the XIVth century! Finally, the border between an object of fashion and a luxury object also goes through the temporal and geographical horizon which they draw from: the luxury object is timeless, a characteristic difficult to claim in the universe of the digital technology. It joins a traditional, otherwise ancestral savoir-faire. There is a strong identification to a specific country which gives the Watch all its meaning: the beautiful mechanics is German, the watch-making is Swiss, the fashion design is Parisian, the design is Italian, but what about connected objects? By wanting to be a "global" company in an essentially "technological" universe, Apple deprives itself from the status of luxury brand. It should not however prevent the brand from being successful.

  • >> Découvrez en avant-première l'éditorial et le contenu de la revue RFM n°251

    adetem, rfm, marketingDECOUVREZ L'EDITORIAL DU NUMERO 251 DE LA REVUE FRANCAISE DU MARKETING, REVUE DE L'ADETEM A DESTINATION DES PROFESSIONNELS ET DES CHERCHEURS EN MARKETING.

    Qu'est ce qui propulse un film dans le haut du classement du box-office et à contrario qu'est-ce qui explique l'échec commercial d'un film. Comme le souligne l'auteur de l'article, « l'influence des caractéristiques d'un film sur le box-office : modélisation par équations structurelles des films de genre américains entre 2000 et 2013 », les recherches marketing sur le sujet révèlent des résultats divergents ainsi sur le rôle des critiques à qui l'on attribue habituellement un rôle décisif dans le succès et l'échec d'un film. Le travail réalisé et portant sur 500 films d'épouvante/horreur diffusés entre 2000 et 2013 apportent des réponses intéressantes quant à ces interrogations. En premier lieu, les résultats de l'étude confirment le rôle du bouche-à-oreille déjà révélé par la littérature marketing sur le sujet. Mais l'auteur ajoute que la maîtrise de cette variable pourrait être améliorée par la « prise en compte des variables « budget total » et « campagne publicitaire » comme ses médiateurs privilégiés ». En second lieu, le rôle de l'évaluation du film est mis en valeur et un lien statistique entre trois variables importantes (bouche-à-oreille, popularité et évaluation) révélé. A partir de ces résultats, l'auteur développe un nouveau concept : le crowdscoring. L'idée réside dans le fait «  que la performance commerciale d'un fil d'horreur pourrait être principalement influencée par la participation collective d'internautes à l'évaluation d'un film ». On se rend compte alors de l'importance des sites communautaires quant au succès et à l'échec des films.

    adetem, rfm, marketing, bio, cuisineLa cuisine fait maison semble bénéficier d'un regain d'intérêt qui paraît durable. Ce regain d'intérêt est redevable de multiples motivations dont celles sécuritaires et sanitaires. Cette cuisine fait maison ne se limite pas aux adultes ou aux adolescents mais est destinée aussi aux enfants. Et c'est précisément l'objectif de l'article « Le recours au bio dans le fait maison destiné aux 4-36 mois. Identification des variables explicatives du choix des parents » que de nous apporter un éclairage sur « les variables susceptibles d'expliquer le choix des parents pour le fait maison bio ». L'étude réalisée auprès de 302 parents apporte des éclairages importants. Le profil des parents adeptes du fait maison bio est bien mis en évidence. Ce sont des personnes plutôt parisiennes, appartenant à des PCS+ et déjà engagées dans la consommation de produits bio. De surcroît et comme le notent les auteurs de l'article « la présente recherche montre que la naissance d'un enfant semble conforter voire renforcer l'achat de produits bio-frais ». C'est un résultat qui doit intéresser tous les professionnels du bio notamment en prenant mieux en compte les motivations liées à la sécurité et à la qualité et en activant des stratégies de fidélisation plus conséquentes. De ce point de vue, les auteurs établissent une série de recommandations fort concrètes, ce qui démontre que les études marketing ne se contentent pas de révéler mais sont souvent porteuses de solutions pratiques qui peuvent être très utiles pour tous les acteurs impliqués dans le bio.

    satisfaction, marketing, adetem, rfmOn doit à Simon d'avoir révélé que loin de chercher la solution optimale, l'individu cherchait la solution qui lui paraît satisfaisante et qui de ce point de vue peut être sous-optimale. C'est toute la problématique du satisficing. Bien entendu et là où les problèmes peuvent avoir des conséquences fâcheuses sur la validité scientifique des études c'est que les phénomènes liés au satisficing se rencontrent aussi dans les enquêtes par questionnaires. C'est l'objet de l'article intitulé « Le satisficing dans les enquêtes par questionnaire : mesures et effets sur la qualité des réponses ». Il s'agit dès lors de détecter ces phénomènes et d'en révéler les effets. S'agissant de la détection, les auteurs au terme d'une discussion intéressante et à la lumière des résultats de leur étude font des recommandations importantes notamment quand au placement des outils de détection. Ils suggèrent ainsi « de placer les outils de détection à partir de la moitié du questionnaire, en particulier si les questions centrales que se pose le chercheur ou le manager y sont également abordées ». L'utilisation prudente de ces outils permet au cas où il y a nécessité de supprimer des individus et de diminuer ainsi le bruit des enquêtes. Concernant l'évaluation de ces outils de détection, les auteurs montrent que c'est le TLI (test de lecture des instructions) qui est l'outil le plus performant comparé au test de l'item inversé (TII) et à celui du TRG (temps de réponse global).  Toutefois l'utilisation de ces outils n'est pas sans poser de problèmes et les auteurs n'éludent pas la question. Les chercheurs concernés par cette problématique trouveront, nous n'en doutons pas, des pistes intéressantes pour atténuer les phénomènes liés au satisficing.


    clientPourquoi et comment devient-on un client privilégié ?
    Comment un client peut accroître « la motivation de son fournisseur à s'engager durablement avec lui dans une relation d'échange ». Questions passionnantes pour tout chercheur en gestion auxquelles les auteurs de l'article « Le statut de client privilégié : modèle conceptuel et essai de validation » apportent des réponses qui seront utiles aux chercheurs comme aux professionnels. Les conséquences d'une telle relation sont importantes et ont de fortes implications stratégiques d'où l'importance de pouvoir et aussi savoir nouer des relations qui peuvent conduire à ce statut de client privilégié. L'étude porte sur 176 entreprises d'au moins 20 salariés.  Les résultats révèlent d'une part, l'importance de l'engagement du client dans l'obtention du statut de CP, d'autre part, le rôle de la confiance est confirmé et enfin l'hypothèse de l'influence du comportement coopératif de la part du client est validée. En revanche, l'hypothèse liant la dépendance et le statut de CP n'est pas validée. Pour les auteurs, la conclusion est claire « le fournisseur accordera à son client le statut de CP si et seulement si existe un climat de confiance entre eux, et s'il perçoit que son client est durablement engagé dans le relation ». Dans le contexte de l'hyper-compétition où la capacité d'apprentissage des entreprises devient le socle de l'avantage concurrentiel, ces résultats sont importants.Il paraît évident que les phénomènes coopératifs ne seront plus un plus relationnel mais la condition même de l'apprentissage, la condition même d'une co-construction des compétences. On comprend, dès lors, que l'obtention du statut de client privilégié n'est plus une gratification honorifique mais un statut stratégique essentiel où ce n'est rien moins que l'avenir des entreprises qui est en jeu.

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    Enfin, dans la rubrique Actualités, un article sur les « évolutions de l'urbanisme commercial et des rapports de force dans le canal de distribution : impact sur les stratégies des détaillants » nous éclaire sur l'influence des réglementations sur les stratégies des firmes et comment en fonction de leur ampleur, réglementations et législations modifient les relations au sein du canal de distribution. Ainsi, notent les auteurs « l'approche à la fois juridique et historique a montré qu'une législation à l'application floue ne peut être bénéfique que temporairement, le temps que la jurisprudence se forme et n'aille pas forcément dans le sens voulu par les opérateurs économiques alors qu'un dispositif réglementaire précis-même très contraignant- permet aux acteurs d'adapter leurs stratégies en longue période ». Le droit influence bien évidemment les stratégies mais l'adaptation à ce même droit révèle parfois des effets inattendus et dans tous les cas pas forcément prévus par le législateur. C'est un domaine d'étude qui paraît prometteur car à la confluence de plusieurs disciplines.

    En vous souhaitant une bonne et fructueuse lecture.

    Jean-Claude Pacitto

    Rédacteur en chef adjoint de la RFM