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5.6- Economie - Page 18

  • Le gros blues des #montres de #luxe [#bfmbusiness #philippejourdan]

    ARTICLE PARU DANS BFM BUSINESS LE 10 OCTOBRE 2016

    [POUR VOIR L'ARTICLE EN ENTIER]

    Sur le même sujet, lire l'éditorial dans l'Opinion : "Le tournant catonien de l'Empire du Milieu : l'enrichissement oui, l'ostentation non !" [CLIQUER ICI]

    Richemont a annoncé ce lundi que ses résultats devraient chuter de 45% au prochain semestre de son exercice décalé. Un symptôme de plus de la crise qui chahute l'industrie horlogère suisse.

    Gros temps sur la montre de luxe. La nouvelle publication de Richemont suit le mouvement de déclin. La maison-mère des horlogers Cartier et Jaeger-LeCoultre a annoncé ce lundi des prévisions inquiétantes pour les six prochains mois. Ses profits devraient chuter de 45%, alors qu'entre avril et août, ses ventes reculaient déjà de 13%.

    Et si ça va mal pour Richemont, la situation de ses concurrents est encore moins enviable. Le groupe de luxe limite la casse grâce à ses marques de joaillerie. Mais si on regarde le seul chiffre d'affaires de Cartier dans les montres, la chute dépasse les 30% selon UBS. Autant dire que chez ceux qui ne font que de la montre -les Patek Philippe, Tissot (Swatch Group), TAG Heuer (LVMH), Piaget ou Rolex- ça va saigner, prédit Philippe Jourdan, spécialiste du luxe chez Promise Consulting;

    Les montres en or, stigmate de la corruption


    montre, or, suisse, horlorgerie, luxeAprès des années de croissance joyeuse, 2015 a marqué le début de la morosité qui plombe toute l'industrie horlogère haut-de-gamme. La faute, en premier lieu, à la lutte contre la corruption en Chine. Depuis 2013, Pékin multiplie les mesures contre "l'habitude de se créer un réseau de relations et d'interdépendances autour de services rendus et de cadeaux remis" souligne Philippe Jourdan. Une politique qui nuit particulièrement aux montres de 20.000 à 100.000 euros, parce qu'affichées au poignet, elles sont plus visibles qu'une bouteille de coûteux cognac ou un joli portefeuille. Et donc plus stigmatisantes. "Les photos des montres en or et platine des leaders politiques et autres personnalités influentes se partagent des millions de fois sur les réseaux sociaux", explique le consultant en luxe.

    Du coup, les riches Chinois et les industriels, qui achètent d'ordinaire ces produits à l'étranger pour ne pas risquer de se faire avoir par les brillants contrefacteurs sur leur territoire, freinent drastiquement leurs achats. Et ça se voit dans les comptes: les exportations de montres-bracelets ont dégringolé de 54% au deuxième trimestre 2016, selon une étude Deloitte. Avec moins de 600 millions de francs suisses de ventes totales (contre 1,3 milliard en début de période), elles atteignent leur plus bas niveau depuis 2011.

    "Le nouveau riche n'a pas de culture horlogère"

    nouveau riche, montre, luxe, horlogerie, suisseEt puis plus globalement, les acheteurs traditionnels de montres de luxe réorientent leurs achats, explique le spécialiste du marché. Par exemple, les montres à complications, que les collectionneurs achetaient en série, attirent peu "le nouveau riche qui n'a pas de culture horlogère", souligne Philippe Jourdan. Ce dernier en achète une seule. Et comme ces marques le vantent dans leurs pubs, le mécanisme est si élaboré que les montres ne tombent jamais en panne. Donc son propriétaire n'a plus jamais besoin de la remplacer. Quant à l'entrée de gamme de la montre de luxe, pointe l'expert "une partie du marché est menacée par les montres connectées".

    Face à ce constat, le remède des horlogers pour sauver leurs ventes pourrait aggraver le mal. Parce que pour inciter des distributeurs de luxe, de plus en plus frileux, à continuer de leur acheter des stocks, les fabricants promettent de reprendre les invendus. Or ces rachats pèsent sur leur trésorerie. Et surtout, ces invendus, les marques les confient ensuite à des revendeurs qui les mettent sur le marché sur des sites spécialisés, à prix cassés. À l'arrivée, souligne Philippe Jourdan, "des ventes moins rentables et des pratiques qui nuisent pour longtemps à l'image d'exclusivité et de prestige de ces marques".

    Par Nina Godart, journaliste.

  • "Le Luxe subit un profond changement de modèle" [#luxe #promiseconsulting @lopinion_fr]

     «Le luxe subit un profond changement de modèle»

    Muriel Motte - 19 Septembre 2016 à 14h42

    Interview parue dans l'Opinion. [EXTRAIT]

    [RETROUVER L'ARTICLE EN LIGNE]

    Associé fondateur du groupe de conseil et d’études Promise Consulting, Philippe Jourdan décrypte la crise que traverse le secteur.

    les faits - La baisse de la livre a fait flamber de 36 % les ventes de produits de luxe au Royaume-Uni le mois dernier. Les variations des taux de change ne sont pas le seul élément perturbateur pour les groupes du secteur : digitalisation, ralentissement de la demande chinoise, attentats, les défis s’enchaînent et provoquent parfois des accidents industriels. Spécialiste des marques, Philippe Jourdan anticipe une croissance annuelle de 2 % du marché des produits de luxe dans les prochaines années.

    Quelle est la nature de la crise que traverse le secteur du luxe ?

    Il s’agit d’un profond changement de modèle dont l’effet est amplifié par une conjoncture économique difficile. Jusqu’à la crise financière, le marché des biens de luxe était tiré par une forte demande à laquelle répondait l’offre des grandes maisons qui se voulaient exclusives, et qui contrôlaient les prix et la distribution via le rachat des licences et la création de boutiques en nom propre. Tout cela évolue très rapidement (...)

    Cette crise est donc aussi imputable à la forte dépendance du luxe à la Chine ?

    Les Etats-Unis restent dominants et représentent un tiers du marché mondial du luxe. Mais 70 % de la croissance de ce marché au cours des dix dernières années a été le fait de la Chine. Et ce sont les Chinois qui réalisent hors de chez eux l’essentiel (70 %) des achats de produits de luxe. Dès que la demande chinoise ralentit - c’est l’une des conséquences de la politique anticorruption et du ralentissement économique du pays entre autres - ou qu’une menace pèse sur le tourisme mondial, le luxe en ressent les effets. C’est le cas aujourd’hui. Les géants du secteur doivent être vigilants sur un autre point : Pékin aura tôt ou tard le souci de rapatrier en Chine continentale un marché qui lui échappe largement, car les taxes imposées sur les biens de luxe rapportent aux caisses de l’Etat. (...)

    La mutation du consommateur depuis une dizaine d’années bouleverse aussi le marché…

    Le profil des acheteurs se transforme. La croissance du marché ne dépend plus de ceux qui ont énormément d’argent, mais de ceux qui en gagnent de plus en plus. Ce n’est pas du tout la même clientèle. Les marques doivent s’adresser à de nouveaux profils, des consommateurs plus jeunes, plus cosmopolites, mieux éduqués en matière de luxe mais plus critiques (...) Il s’agit d’une mutation très profonde, qui génère beaucoup d’interrogations sur la stratégie à mener.

    La stratégie digitale est-elle une source de différenciation entre les grands groupes mondiaux ?

    Les grands groupes habitués à gérer la relation-client dans un circuit unique sont entrés avec retard dans le monde digital. C’est un secteur parfois conservateur qui a du mal à accepter de perdre le contrôle de la distribution, mais tous sont aujourd’hui très actifs. Un des premiers bouleversements est venu de la comparaison mondiale des prix par des clients connectés et globe-trotteurs. Face à cela, Chanel a annoncé l’an dernier sa volonté d’établir progressivement un meilleur équilibre des prix de ses produits dans les grandes zones géographiques, Chine, Europe, Etats-Unis. Tous y viendront sans doute mais c’est très complexe en raison des coûts d’approche et des taxes différents, sans oublier les variations de taux de change ! Le deuxième bouleversement, c’est l’apparition de « pure player » digitaux du luxe comme Yoox Net-A-Porter, dont le poids commence à peser. Sa logique de développement est de commercialiser à terme toutes les grandes marques, y compris celles de LVMH ou Kering. (...)

    Le marché mondial du luxe croissait à deux chiffres au début du siècle, un taux tombé autour de 2 % aujourd’hui. Quelle est la « nouvelle normalité » pour les années à venir ?

    La projection moyenne pour les prochaines années est de l’ordre de 2 % à taux de change constants, ce n’est pas si mal pour un marché qui pèse déjà 240 milliards d’euros. Nous sommes face à des consommateurs plus exigeants, des marchés plus mûrs, peut-être allons-nous commencer à faire du marketing et à revenir à des fondamentaux de la relation-client, de la qualité de l’offre et du service. Ouvrir une boutique bien placée dans une rue stratégique d’une ville chinoise ne suffit déjà plus. Il y aura davantage de discrimination, une prime à l’excellence, et le « pricing » sera déterminant.

  • [@pointsdevente] Les #marques de #luxe française doivent se réinventer | @luxurysociety @adetem

    Longtemps préservées, les marques de luxe françaises doivent se réinventer pour s'imposer sur le marché mondial. Qu'est-ce qui a changé?

    [Philippe Jourdan]. Les groupes de luxe sont confrontés à des enjeux liés à un changement d'environnement économique pour des raisons conjoncturelles et structurelles. Ils sont impactés par le ralentissement de l'économie mondiale et notamment dans des pays qui jusque-là affichaient de forts taux de croissance.

    C'est évidemment le cas de la Chine et, plus généralement, de l'ensemble de la zone asiatique. Face à ces mutations, les marques de luxe ont dû redécouvrir les fondamentaux du marketing. Surfer sur la demande en orientant son marketing vers la satisfaction client via les magasins et les nouvelles collections ne suffit plus. Le moteur s'est grippé. Et certaines catégories souffrent plus que d'autres, telles que l'horlogerie qui peine en Chine depuis plusieurs années.

    Propos recueillis par Cécile Buffard

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  • Le tournant catonien de l'Empire du Milieu : l'enrichissement oui, l'ostentation non ! (#Chine #luxe #riches]

    Philippe Jourdan

    Professeur à l'Université Paris Est / CEO Promise Consulting

     Jean-Claude Pacitto

    Maître de conférences à l’Université Paris Est / Chercheur associé à l'ESSCA

     

    ARTICLE PARU DANS L'OPINION EN DATE DU 02 NOVEMBRE 2016

    sous le titre : "Le Luxe en Chine : pourquoi le raffinement intimiste va supplanter le bling-bling ?"

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    chine,luxe,caton,lopinion,bling-bling,montre,xi jipingOn a trop souvent retenu de Caton l'Ancien (234-149 av. J.C.) l’image d'un conservateur borné obsédé par la destruction de Carthage. Il fût bien plus que cela. En effet, Caton fut d'abord et avant tout un homme politique lucide et réaliste. Il avait compris que l'afflux massif des richesses à Rome, suite à la fin de la seconde guerre punique, aurait des conséquences sociales désastreuses et que, s’ajoutant à l'adoption des mœurs politiques et philosophiques grecs dévoyés (dont le culte de la personnalité), il déboucherait à terme sur une fragilisation de la République romaine et un basculement dans un régime où les intérêts privés prendraient inévitablement le dessus sur le souci du collectif. La cupidité (« avaricia ») dont il ne cessa de dénoncer les effets délétères était, pour lui, incompatible avec la recherche du bien commun et la rigueur morale qui avaient toujours été des qualités valorisées dans le cursus politique romain. Dès lors, ses efforts pour limiter l'ostentation des richesses et sa lutte contre la corruption des hommes politiques ne connurent pas de répit. Dès -184 av. J.C., il tente vainement par des mesures coercitives, qui lui valurent le surnom de censeur, de lutter contre les courants de plaisirs, le goût du luxe et l’existence raffinée qui envahit la classe dirigeante romaine, versée dans les affres de la société de consommation.

    chine,luxe,caton,lopinion,bling-bling,montre,xi jipingD'une certaine manière, c'est bien le même combat que même aujourd'hui le président Xi Jinping. On aurait bien tort, en effet, de ne voir dans sa lutte implacable contre la corruption qu'un épisode de plus des luttes de pouvoir au sein de  la nomenklatura communiste. Certes, il y a là un fond de vérité. Mais par son ampleur et ses justifications idéologiques, elle est bien plus que cela. Au fond Xi Jinping établit le même constat que Caton l’Ancien en son temps : la société chinoise a subi, suite aux réformes économiques de Deng Xiaoping, des bouleversements tels qu'ils menacent aujourd'hui sa cohésion. Plus que l’enrichissement, ce sont les travers qu’il engendre qui sont évidemment pointés du doigt : la richesse, oui, son ostentation, non ! De surcroît, il ne pouvait échapper au président chinois que cet enrichissement rapide s’est accompagné, comme ce fût le cas à Rome, de l’adoption de mœurs qualifiées « d’occidentales », tels l’individualisme et l’hédonisme, que le président chinois juge incompatibles avec la culture chinoise.

    chine,luxe,caton,lopinion,bling-bling,montre,xi jiping« L’occidentalisme » n’est plus tendance en Chine, ce qui n’est pas sans conséquence pour le commerce des grandes marques de luxe occidentales, en général, et françaises en particulier. Mais la force de Xi Jinping est d'avoir compris que l'on ne combattrait pas ces nouvelles tendances avec les « oripeaux » de l'idéologie communiste. D'une part, parce que la réalité capitaliste du pays est un fait et, d'autre part, parce que ce retour à l'idéologie serait parfaitement inaudible surtout parmi les jeunes générations. Comme Caton l’Ancien mais de manière plus subtile encore, Xi Jinping en appelle aux valeurs traditionnelles chinoises. Ce n'est pas nouveau chez lui et bien avant 2012 les allusions à Confucius étaient légion dans ses discours. Là, ce ne sont plus des allusions mais une réhabilitation officielle et on a fêté en grandes pompes en 2014 le 2565ème  anniversaire de sa naissance. Confucius, mais pas seulement lui, revient en force et ce n'est pas un hasard. Les Occidentaux voient dans ce qu'ils qualifient volontiers de « récupération » un tournant conservateur visant à promouvoir les valeurs de hiérarchie et d'harmonie du corps social afin de limiter les effets de la contestation sociale. Vision trop limitative car reposant sur un postulat instrumentaliste ! Xi Jinping, comme Poutine en Russie, seraient de parfaits cyniques qui instrumentaliseraient les valeurs à des fins personnelles. Peut-être. Mais dans les deux cas cités, rien interdit de penser qu'ils soient convaincus de la « justesse » de ces valeurs. Xi Jinping, comme Poutine, connait ses classiques !

    chine,luxe,caton,lopinion,bling-bling,montre,xi jipingPour Xi Jinping, l'héritage de Confucius s’inscrit sur le plan de la morale : c'est de rectitude morale, de respect dû aux anciens, de désintéressement, valeurs que corrompent le luxe et l’enrichissement individuel, dont il s’agit ici. Pour Xi Jinping, la Chine doit renouer avec ses traditions anciennes, car il y a toujours, au sein de la société chinoise, cette croyance que l’ouverture à l’Occident s’accompagne d’une perversion morale, à l’image du commerce triangulaire mis en place par les Anglais au 19ème Siècle, dans lequel les opiums du Bengale et de Malwa, produits en Inde, procuraient l’argent métal nécessaire à l’achat du thé chinois exporté à Londres. Le président chinois souligne toujours le fait que les communistes chinois ne sont ni des « nihilistes historiques ni des nihilistes culturels ». La rupture avec le maoïsme de la révolution culturelle est ainsi total et l’appel à la mémoire historique une constante de ses discours. De la même façon, Xi Jinping souligne aussi le fait que politiquement et depuis 5000 ans la Chine a toujours suivi des voies politiques différentes de celles de l'Occident. Façon de signifier à ses interlocuteurs occidentaux que la Chine dissocie développement économique et adoption d'un régime politique libéral et que le libéralisme politique ne fait pas partie de son ADN !

    chine,luxe,caton,lopinion,bling-bling,montre,xi jipingSi les cadeaux sont un élément constitutif de la culture chinoise (le fameux « Guanxi »), l'ostentation des richesses, la cupidité ne le sont pas : ainsi le détournement d’une coutume traditionnelle à des fins égoïstes constitue désormais un crime, un bien mauvais signal pour l’industrie horlogère de luxe, en particulier. Les arguments de Xi Jinping même s'ils se fondent sur des référents culturels forcément différents  de ceux de Caton sont au fond les mêmes : la cupidité et l'individualisme sont des valeurs qui ne peuvent être érigées en modèles et qui à terme détruisent le corps social. Il ne s'agit donc pas de les combattre seulement dans leurs effets (« la corruption ») mais aussi à leur racine (« la cupidité »). Et ce combat ne peut être que culturel. Mais à la différence de Mao, Xi Jinping ne rêve pas d’un Homme Nouveau en faisant table rase du passé. Son objectif est inverse : c'est en ré-enracinant les Chinois dans leur histoire qu'on sera le mieux à même d'éradiquer les effets indésirables de la modernisation économique. Dans un secteur aussi emblématique que le luxe, les conséquences de cette politique sont déjà visibles. Des collections chinoises apparaissent, puisant leur inspiration dans le passé artistique de la Chine avec un mot d’ordre : l’élégance est toujours présente mais pas son corollaire trop tapageur : le « bling-bling ». L’ère est à l’élégance discrète, au luxe de bon goût, au raffinement intimiste, et non plus désormais à l’affirmation sociale de fortunes vite amassées où l’ostentation est une stratégie de différenciation statutaire revendiquée. Le projet économique de Xi Jinping pourrait être celui du conservatisme éclairé (on se souvient de la célèbre formule de François Guizot, « enrichissez-vous par le travail, par l’épargne et la probité »). En tout état de cause, le message de Xi Jinping aux élites est sans ambiguïté : « Enrichissez-vous mais ne le montrez pas ! ».

    Soyons clair : ce qui se déroule actuellement en Chine ne relève pas d'un « sursaut » conjoncturel initié par des dirigeants qu’effraient les conséquences sociales de la modernisation économique. C’est un mouvement de fond, qui puise ses racines dans la Chine millénaire, et c’est toute l’habileté de Xi Jinping de l’avoir compris. Plutôt que de se focaliser sur la seule lutte contre la corruption (en espérant qu’elle prendra fin un jour), les chefs d’entreprises désireux d’exporter et de vendre aux Chinois devraient se plonger dans les classiques de la littérature chinoise, la meilleure manière de prédire quel environnement les attend dans les prochaines années. Une certitude : le capitalisme chinois ne sera pas de facture libérale-libertaire !

  • "Je ne crois pas à la mort du luxe" (#philippejourdan) [#luxe #Pointsdevente @adetem]

    INTERVIEW PARUE DANS POINTS DE VENTE, 07 NOVEMBRE 2016, N°1202

    [LIRE L'ARTICLE DANS POINTS DE VENTE]

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    Prestigieuses mais challengées, les marques de luxe françaises sont condamnées à évoluer. Moins de croissance, une clientèle qui change et rajeunit, des concurrents digitaux : la liste des défis est longue pour des groupes plus habitués aux bénéfices qu'à la remise en question.

    Philippe Jourdan, associé fondateur de Promise Consulting et Panel On The Web, décrypte pour Points de Vente les différents enjeux du marché du luxe. Pour ce spécialiste du marketing, co-auteur du livre marketing de la Grenouille, les marques ne doivent pas oublier leurs fondamentaux. À savoir: l'intemporalité et la désirabilité du luxe.

    PROPOS RECUEILLIS PAR CÉCILE BUFFARD

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  • L'#insécurité et la #consommation de produits de #luxe : vrai ou faux problème ? [@adetem]

    Deux études de Promise Consulting analysées par Philippe Jourdan et Jean-Claude Pacitto apportent un éclairage intéressant sur la relation entre insécurité perçue et les moindres usage et consommation de produits de luxe.

    Editorial paru dans Cosmétique Mag Hebdo, 14 novembre 2016.

    Par Philippe Jourdan, associé de Promise Consulting et professeur des Universités, et Jean-Claude Pacitto, maître de conférences et chercheur associé à l'ESSCA.

    [EN SAVOIR PLUS SUR COSMETIQUE MAG HEBDO]

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    La récente actualité du braquage de Kim Kardashian auquel font écho d’autres cambriolages effectués en plein jour place Vendôme ou rue de la Paix relance le débat sur l’insécurité des biens des personnes sur notre territoire. On peut sur le même sujet souligner l’angoisse de la communauté chinoise, particulièrement visée en raison de la détention supposée d’argent liquide en quantités par ses résidents et ses touristes. Alors l’insécurité est-elle un faux débat s’agissant des achats de luxe en France ? S’agit-il d’une réalité fantasmée, exagérée par les média, sans conséquence sur le désir d’achat des produits de luxe. Deux études récentes nous apportent un éclairage intéressant.

    En dehors du caractère douloureux de ces affaires, force est de constater que l’impact sur l’opinion ne peut être tenue pour négligeable, car si l’affaire Kardashian est « un acte très rare survenu dans un espace privé » selon les propos malheureux de la Maire de Paris, c’est négliger l’effet cumulatif sur l’opinion d’un fait divers qui succède à d’autres (sans compter le maintien de l’état d’urgence dans notre pays). C’est aussi faire fi de la popularité de la star sur les réseaux sociaux. Insécurité réelle ou perçue ? Acte de violence généralisée ou circonscrit ? Là n’est pas le problème. En matière d’opinion, ce qui compte c’est, d’une part, la perception du grand public et, d’autre part, le poids des politiques. Interrogé immédiatement après l’affaire Kardashian, 35% des habitants de Paris et de l’Ile de France ont exprimé leur crainte d’une nouvelle chute de l’activité touristique (et 42% des catégories socioprofessionnelles supérieures)[1]. On peut certes espérer qu’ils se trompent, car inquiétude ne vaut pas nécessairement prévision et nul n’est Pythie en la matière ! On peut aussi penser qu’en matière de tourisme, seule l’opinion des touristes étrangers comptent au final. Or, à cet égard, plusieurs faits méritent d’être rappelés. Les Chinois fortunés achètent pour l’essentiel en dehors de la Chine continentale pour plus de 70% de leurs achats. Or ils boudent aujourd’hui notre Capitale avec un repli de l’ordre de 20% sur le premier semestre 2016, les autorités chinoises n’ayant pas manqué de se faire le relais du climat d’insécurité à l’encontre de la communauté chinoise en France, qui se surimpose – répétons-le – au maintien de l’état d’urgence. S’agissant des Américains, le repli est moindre (5,7% sur la même période), ces derniers se déplaçant comparativement moins en Europe et effectuant l’essentiel de leurs achats de produits de luxe dans leur propre pays (83%). Mais c’est oublier que Paris est une référence obligée dans l’univers de la mode et du luxe, du fait du rayonnement de nos plus grandes marques (Chanel, Dior, Louis Vuitton, etc.), que la Fashion Week s’inscrit dans une concurrence exacerbée avec d’autres Capitales (Milan et New-York en particulier), et que pour la clientèle américaine, la sécurité des biens et des personnes est une liberté fondamentale avec laquelle elle ne transige pas, ainsi que l’atteste l’âpreté des débats au cœur des élections présidentielles américaines.

    Mais le climat d’insécurité a également un impact plus pernicieux, car rarement évoqué sinon quantifié : l’insécurité est un frein à la consommation de produits de luxe car il en raréfie les occasions d’usage. Le désir d’acheter ou de racheter – au-delà de la possibilité financière de le faire- est conditionné d’un point de vue psychologique par l’envie, le besoin, la non saturation, la pression sociale, etc. S’y ajoute le sentiment de sécurité, c’est-à-dire l’absence de crainte, fondée ou non, d’être dépossédé des biens acquis. Qu’en est-il pour les Français aujourd’hui ? Une étude récente[2] menée par notre Cabinet éclaire les comportements de nos concitoyens d’un jugement sans appel : environ une personne sur quatre déclare porter aujourd’hui moins souvent l’objet le plus précieux qu’elle possède s’agissant de vêtements, sacs, bijoux ou montres et la crainte des vols et des agressions est une raison majeure : cette crainte est particulièrement marquée s’agissant des bijoux (36%) , des sacs de marque (34%) et des montres (27%), devançant même les moyens de transport (motos, scooters et voitures). Le vol à l’arraché est donc bien une réalité perçue de nature à réfréner l’usage de produits de consommation de marque ou de luxe

    En conclusion,  il convient de ne pas négliger le poids des facteurs psychologiques dans le choix des destinations touristiques ou bien dans l'usage, et partant l'envie, d'acheter ou de posséder des biens de consommation de luxe. Au-delà de la crise économique, l'envie d'acheter Avenue Montaigne ou Rue du Faubourg Saint Honoré ou bien encore Rive Gauche est dépendant d'un sentiment de sécurité, qui, pour subjectif qu'il soit, devrait plus fortement retenir l'attention des autorités en charge de la sécurité. L'achat de produits de luxe est fragile car il n'est nullement nécessaire mais tout juste désiré. C'est à maintenir ce désir que les acteurs du luxe, les professionnels du tourisme et les pouvoirs publics devraient ensemble se consacrer.


    [1] Baromètre Promise Consulting.- 1.050 personnes interrogées en ligne entre le 03 et le 05 Octobre 2016.- Echantillon représentatif population française sur les critères de genre, d’âge, de région d’habitation, de catégories socioprofessionnelles.
    [2] Ad Hoc Promise Consulting.- 1.050 personnes interrogées en ligne entre le 05 et le 08 Octobre 2016.- Echantillon représentatif population française sur les critères de genre, d’âge, de région d’habitation, de catégories socioprofessionnelles avec un boost sur les 15% de foyers aux revenus les plus élevés.